La Louisiane de Julia Malye est un roman historique au sujet très intéressant : l’émigration plus ou moins volontaire de jeunes femmes, pensionnaires de la Salpêtrière à Paris, pour contribuer au peuplement de la colonie française de Louisiane, en Amérique, dans les années 1720.
En lisant la quatrième de couverture, j’ai tout de suite pensé aux séries comme Jamestown, Saints & Strangers ou encore Banished (sur l’arrivée des premiers colons anglais en Amérique au XVIIe siècle et, pour la dernière, sur les colons australiens du XVIIIe siècle). L’arrivée en terre inconnue de personnages en quête d’une « seconde chance » offre de nombreuses possibilités romanesques. Dans La Louisiane, la jeune autrice à succès Julia Malye choisit d’adopter le point de vue d’un groupe de femmes désireuses de quitter leur statut de « captives», et pour qui la Louisiane représente une opportunité d’émancipation. Elle donne ainsi une certaine dimension féministe à son récit, mettant l’accent sur les liens de rivalité mais surtout d’entraide entre ces femmes ayant partagé un long trajet à travers l’Atlantique pour être mariées à de parfaits inconnus.
J’ai aimé…
- le choix du sujet et l’effort de l’autrice pour coller à la réalité historique, comme elle l’explique dans sa postface. J’ai notamment trouvé très intéressante l’évocation des relations complexes entre colons français, esclaves africains et populations amérindiennes. On découvre aussi comment la ville de la Nouvelle-Orléans a été créée.
- l’évolution assez peu prévisible des relations entre les personnages principaux : Charlotte, Geneviève et Pétronille. En combinant l’alternance des points de vue avec une approche chronologique, le roman permet de suivre les personnages sur une longue période et d’entretenir le plaisir de les « retrouver » au fil des chapitres. Il a aussi le mérite de montrer la solidarité féminine dans toute sa complexité, dans ce qu’elle a de beau mais aussi d’ambigu.
J’ai moins aimé…
- Le style de l’autrice dans les premiers chapitres. Étant donné la réputation de « prodige de la littérature » de Julia Malye (elle a publié son premier roman à 15 ans et enseigne l’écriture fictionnelle à Sciences Po), je ne m’attendais à des descriptions plus subtiles. J’ai eu l’impression que l’autrice en faisait trop dans le choix des adjectifs et des métaphores, du genre « au plafond, les muses s’offrent des couronnes de laurier et des pommes d’un rouge violent » ou encore « la chaleur se répand dans Paris comme de l’eau dans un bateau naufragé ». Il me semble qu’elle aurait pu camper l’ambiance des différentes scènes et donner vie aux décors de manière plus convaincante en faisant davantage dans la sobriété. Cette impression s’est heureusement dissipée au fil de la lecture, à mesure que les dialogues et l’action prenaient le dessus.
- Le tout dernier chapitre, dont le style imagé « hors du temps » ne m’a pas paru ajouter grand-chose, alors que le chapitre précédent se terminait sur une belle image : forte et subtile, offrant une certaine satisfaction au lecteur tout en laissant la fin ouverte.
J’aurais aimé…
- en savoir plus sur la façon dont les jeunes femmes ont été « choisies » par leur époux une fois arrivées sur place et la mesure dans laquelle il leur était possible de refuser un prétendant au profit d’un autre. Cette partie est passée sous silence dans le roman. Ce n’est pas gênant du tout du point de vue de l’intrigue, mais ça a néanmoins titillé ma curiosité !
Merci à NetGalley et aux éditions Stock de m’avoir permis de lire ce livre au moment de sa publication officielle le 3 janvier 2024.