Quand on parle de fiction historique, c’est souvent aux romans historiques que l’on pense en premier, avant même les films, les séries, ou encore les BD et les autres formes de récit. Mais qu’est-ce qui fait qu’on peut qualifier un roman d’ « historique » ? Même s’il n’y a pas de consensus universel sur ce point, on peut dire, pour simplifier qu’un roman historique est situé dans le passé (lointain ou immédiat) du lecteur, mais aussi et surtout de l’auteur. Ainsi, un classique de la littérature du XIXe siècle n’est pas considéré comme un roman historique si l’action décrite est contemporaine de son auteur (par exemple : Le Rouge et le Noir de Stendhal ou Germinal d’Emile Zola).
Un peu d’histoire… sur le roman historique
Le roman historique est un genre littéraire presque aussi ancien que le roman lui-même. Dans la littérature francophone, on considère souvent que La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette (1678) est l’un des premiers romans historiques.
Mais c’est au XIXe siècle que le genre gagne véritablement en popularité. Dans le monde anglophone, les romans de Walter Scott comme Waverley (1814) sont considérés comme les premiers véritables romans historiques. L’essor du romantisme dans les arts et en littérature s’accompagne en effet d’une certaine nostalgie envers le passé lointain, notamment la période du Moyen Âge. La période est d’autant plus propice au roman historique que l’Europe voient se former des États-nations à la recherche d’un « récit national » : un ensemble d’évènements et de personnages historiques, mythiques ou réels, auxquels les populations peuvent s’identifier pour créer une culture commune.
Une grande diversité de périodes et de sujets
Aujourd’hui, le roman historique est un genre extrêmement riche qui se décline en multiples sous-genres. En plus de couvrir des périodes très variées (de la préhistoire à l’histoire contemporaine) et des géographies multiples (de l’histoire locale aux sagas continentales), le roman historique emprunte souvent à d’autres genres littéraires.
On distingue par exemple :
- les romans historiques « littéraires » (ex. Le grand cœur de Jean-Christophe Ruffin),
- les romans policiers historiques (ex. La voix secrète de Michaël Mention),
- les romances historiques (ex. Les yeux de Sophie de Jojo Moyes),
- les biographies romancées (ex. La folle ardeur de Michelle Tourneur),
- les thrillers et les romans à suspense historiques, etc.
Certains romans s’inspirent de personnages, célèbres ou non, ayant réellement existé, comme Le Dernier bain de Gwenaële Robert. D’autres font évoluer des personnages fictifs dans un contexte historique bien réel (ex. Noël en décembre de Bernard Tirtiaux). D’autres encore alternent entre passé et présent avec une double ligne du temps (ex. Femmes de l’ombre d’Helen Bryan). Cette grande diversité d’approches, de thèmes et de périodes fait du roman historique un genre inépuisable et donc passionnant !
Les genres connexes
Pour certains ouvrages, la qualification de « roman historique » pose question. C’est notamment le cas des romans à la frontière de l’essai comme les biographies romancées. Certaines d’entre elles regorgent de notes de bas de page et d’extraits d’archives, ce qui en fait de véritables travaux de recherche historique (par ex. Louise-Marie d’Orléans, reine oubliée de Mia Kerckvoorde).
La question se pose aussi pour les romans d’histoire alternative qui s’inspirent de l’Histoire tout en prenant de grandes libertés avec les faits, réécrivant un scénario alternatif qui se démarque de la réalité (voir par exemple La Mort de Napoléon de Simon Leys).
Enfin, les romans historico-fantastiques (historical fantasy en anglais) comme la saga du Trône de fer ne sont pas à proprement parler des romans historiques, mais leur popularité a généré de nombreuses recherches par des passionnés d’Histoire cherchant à identifier les liens entre faits historiques et faits imaginés.