Projeté en avant-première lors du WaHFF, le festival du film historique de Waterloo en octobre 2023, Captives est un film historique inspiré, comme Le Bal des Folles (2021) de Mélanie Laurent, de l’hospice pour femmes de la Salpêtrière à Paris. Malgré la force du sujet et la belle performance d’actrice de Mélanie Thierry dans le rôle principal, le film traîne en longueur et le scénario, bancal, peine à convaincre.
Une « infiltrée » parmi les internées
Alors que le film de Mélanie Laurent était directement inspiré d’un roman (Le Bal des folles de Victoria Mas, publié chez Albin Michel en 2019), Captives repose sur un scénario inédit co-écrit par le réalisateur Arnaud des Pallières et Christelle Berthevas. Nous sommes en 1894 et le professeur Charcot, figure emblématique de la Salpêtrière, est mort. Sous sa houlette, l’hôpital parisien a développé une section réputée dans tout le pays pour traiter les femmes « hystériques » ou considérées comme telles par la société de la fin du XIXe siècle. Les patientes, qui sont de véritables captives étant donné qu’elles ne peuvent quitter l’endroit sans l’accord de leur famille ou tuteur masculin, sont soumis à des traitements brutaux, tels que les bains froids, et obligés de travailler au maintien de l’institution sous la houlette d’infirmières particulièrement sadiques.
Fanny, l’héroïne du film incarnée par Mélanie Thierry (habituée des rôles titres dans les films historiques, comme La Princesse de Montpensier et La Douleur), a la particularité d’être entrée à la Salpêtrière de son plein gré. On apprend vite qu’elle espère y retrouver sa mère, perdue de vue depuis plus de vingt ans. Et c’est déjà là que le bât blesse : pourquoi une femme mariée, mère de deux enfants et apparemment heureuse en ménage, prendrait-elle le risque de se soumettre à des traitements brutaux sans avoir aucune certitude que cela lui permette de retrouver sa mère ? Sans compter que Fanny ne prend même pas la peine de prévenir sa famille, qui la croit en voyage chez une amie. Si on pressent dès le début que Fanny va se retrouver prise au piège, ses motivations peu crédibles font qu’on a du mal à ressentir une véritable empathie pour son personnage.
Un malaise qui exaspère au lieu de dénoncer
En plus de montrer les traitements dégradants infligés par les infirmières aux patientes, Captives multiplie les très gros plans sur le visage de Fanny comme pour souligner sa vulnérabilité mentale et amplifier le malaise. Si la tension dramatique est bien là, on est loin de la relation subtile et complexe entre l’héroïne internée et l’une des infirmières dans Le Bal des Folles. Ici, on reste dans un schéma trop manichéen, avec des scènes qui donnent juste envie au spectateur d’en finir – sans plus s’inquiéter de savoir si Fanny sera sauvée ou pas. Les retrouvailles mère-fille, qui auraient pu constituer un moment d’émotion intense, sont tellement insipides qu’on ne comprend plus trop l’intérêt de la scène finale du bal. Bref, Captives est une grosse déception.
Article original publié pour Le Suricate magazine