La femme sauvage (Wildevrouw pour le titre original en néerlandais) est un roman historique de l’auteur flamand Jeroen Olyslaegers. Comme à son habitude, ce dernier situe la majeure partie de son intrigue à Anvers et fait de la ville un personnage à part entière. Après Trouble, qui se déroulait pendant la seconde guerre mondiale et qui a fait l’objet d’une adaptation au cinéma, j’avais hâte de me plonger dans La femme sauvage, d’autant plus que le roman évoque une période particulièrement intéressante : celle des guerres de religion.
Au milieu du XVIe siècle, Anvers fait partie des Pays-Bas espagnols, sous l’autorité du très catholique roi Philippe II. Mais la ville flamande compte de nombreux luthériens et calvinistes. D’abord toléré par la gouvernante Marguerite de Parme, ces « hérétiques » vont être pourchassés par le duc d’Albe suite aux troubles de 1566. C’est la période de la révolte de gueux et de la terreur iconoclaste. Également évoquée dans Des cendres sur nos cœurs d’Annie Degroote, cette répression extrêmement violente sera à l’origine d’une émigration massive pour les Pays-Bas.
Malgré mon intérêt pour la période et le talent de l’auteur, j’avoue avoir été très déçue par La femme sauvage. Le roman est long (plus de 500 pages) et ma lecture a été laborieuse. Le personnage principal, Beer, est un aubergiste anversois. Sans conviction très marquée, il est étroitement lié à certains notables de la ville qui utilisent son auberge comme lieu de ralliement et dont les sympathies avec la Réforme sont connues (le cartographe Abraham Ortelius, l’imprimeur Abraham Ortelius…). Le regard de Beer sur les évènements offre certes un point de vue original, mais on a du mal à s’attacher à lui, malgré une histoire personnelle complexe et tragique marquée par la perte de trois femmes.
Si le roman montre bien la montée inexorable des tensions non seulement religieuses mais aussi politiques et sociales, l’intrigue manque de dynamisme. On attend en vain un retournement de situation, un dénouement inattendu. La fin étant connue dès le début, il y a finalement peu de surprises et les différentes péripéties sont assez peu engageantes pour le lecteur.
Les admirateurs de Bruegel (Pieter Brueghel l’Ancien) apprécieront les nombreuses références au peintre flamand et à son univers (en particulier la toile Margot la Folle). De mon côté, cela n’a malheureusement pas suffi à maintenir mon intérêt, même si j’ai apprécié l’immersion dans le contexte historique.
Merci à NetGalley et aux éditions Stock de m’avoir permis de lire ce livre au moment de sa publication officielle le 31 janvier 2024.