Louisiana, la couleur du sang est une bande dessinée historique qui retrace le destin de quatre générations de femmes dans les plantations esclavagistes de Louisiane, du début du XIXe siècle au milieu du XXe siècle. Après un premier tome paru à l’été 2019, ce deuxième volet de la trilogie s’intéresse à Joséphine, la fille de Laurette qui, malgré elle, finit par reproduire le modèle maternel.
La malédiction des femmes
Malgré la mort d’Augustin, le patriarche, la plantation reste plus que jamais un univers misogyne, raciste et violent. Peu intéressé par les affaires, Antoine, le fils d’Augustin, mène une vie de débauche à la Nouvelle-Orléans tandis que sa sœur Joséphine gère la plantation au quotidien. Alors que sa mère perd la raison, hantée par la mort de son mari, Joséphine veut croire dans un avenir radieux en épousant Georges, qui lui donne un fils unique, Jean.
Mais le destin semble s’acharner sur les femmes de la famille. Alors que, dans le premier tome, une alliance insolite avec Marie Laveau, une célèbre prêtresse vaudou, avait permis à Joséphine et à sa mère de sauver la plantation, la solidarité féminine est mise à rude épreuve par le refus viscéral de Joséphine d’accepter une alliance de son fils avec une femme créole. Le salut viendra-t-il de Jean ? Ou la plantation sera-t-elle détruite par la révolte des esclaves qui gronde, alors qu’une guerre menace d’opposer le nord du pays, abolitioniste, et le sud esclavagiste ?
Une famille et un pays au bord de l’implosion
Avec des illustrations aux couleurs chaudes toujours aussi « crues », Louisiana, la couleur du sang, porte bien son titre. La menace permanente de violence physique qui pèse sur les esclaves est comme un poison qui pourrit la société louisianaise de l’intérieur. Alors que Louise, l’arrière-petite fille de Laurette et la petite fille de Joséphine, poursuit son récit, le lecteur ne peut s’empêcher d’espérer un choc qui mettra fin à la spirale infernale de la violence.
Vivement le troisième tome, car il faut reconnaître que le scénario Léa Chrétien est efficace pour nous tenir en haleine !
Article original publié dans Le Suricate Magazine