The Long Song est une mini-série historique en trois épisodes, produite par la BBC en 2018. Elle évoque le destin d’une plantation sucrière en Jamaïque alors que l’esclavage vient d’être aboli en 1831. La série s’inspire du roman d’Andrea Levy du même nom dont la traduction française, Une si longue histoire, est parue chez Gallimard en 2012. Dans le livre comme dans la série, le récit est narré par July, une ancienne esclave qui se souvient de cette période turbulente qui a marqué sa vie à jamais.
Alors qu’elle est encore enfant, July est recrutée comme domestique par la sœur du propriétaire du domaine, Caroline Mortimer. La relation entre les deux femmes est tumultueuse, et pourtant chacune a besoin de l’autre. Caroline a besoin de July pour se sentir moins seule dans un environnement nouveau et hostile. July, de son côté, a conscience de son statut privilégié par rapport aux esclaves des champs.
Si le premier épisode intrigue par son humour décalé, les deux épisodes suivants s’enfoncent peu à peu dans un registre dramatique nettement moins drôle. Aux petites combines des esclaves et aux « blagues » à l’encontre des propriétaires blancs succède une tension crescendo. Comment la plantation va-t-elle survivre à la fin de l’esclavage ? Les Noirs, une fois libres, auront-ils intérêt à continuer le travail ? Dans quelles conditions ?
Si la période abordée est très intéressante, j’ai trouvé les personnages de The Long Song un trop caricaturaux. Alors que cela fonctionne bien dans le registre humoristique du premier épisode, on a du mal à comprendre la psychologie des personnages par la suite. Robert Goodwin, le nouveau contremaitre apôtre de la cause abolitionniste, change subitement de camp sans un semblant de conflit interne. Quant à July et Caroline, on aurait aimé que la série approfondisse un peu plus leur relation ambiguë plutôt que de la théâtraliser à outrance.
Dommage, car le scénario est bien rythmé et l’ambiance créé par les costumes et le décor tropical est relativement réussie. La série offre malgré tout une bonne dose d’émotion et une réflexion sur les racines du racisme et de l’esclavage qui reste plus que jamais nécessaire…