La sage-femme du roi est une bande dessinée biographique très intéressante sur Angélique du Coudray. Née en 1712, célibataire et sans enfant, cette fille de médecin est l’autrice d’un manuel d’accouchement et l’inventrice d’un mannequin très réaliste permettant de simuler les naissances.
Enfanter au XVIIIe siècle
Au XVIIIe siècle, il n’est pas rare que les femmes meurent en couches. Les accouchements difficiles laissent également souvent des séquelles aux enfants. Les « matrones » qui aident les femmes à accoucher, surtout dans les campagnes, ne sont pas suffisamment formées pour éviter ces drames. Grâce à une formation reconnue par le Roi, Angélique du Coudray obtient un diplôme de sage-femme dans les années 1730 et se fait une réputation dans les cercles de la bonne société.
En 1750, elle quitte les salons parisiens pour retourner dans son Auvergne natale et y donner des cours aux « accoucheuses ». C’est à cet épisode de sa vie en particulier que s’intéresse la BD La sage-femme du roi. C’est en effet pendant cette période que madame du Coudray conçoit sa « machine », un mannequin de tissu, de bois et de coton, permettant de former les futurs sage-femmes en rendant « palpables » ses enseignements, y compris pour les femmes peu lettrées. Officiellement reconnu par l’Académie de médecine comme un outil utile à la formation médicale, le mannequin est aujourd’hui conservé au Musée Flaubert et d’histoire de la médecine à Rouen.
Une formation médicale réservée aux hommes
Sans idéaliser Angélique du Coudray ni en faire une féministe avant l’heure, La sage-femme du roi rend hommage à ce personnage atypique dont la détermination a permis de donner ses lettres de noblesse au métier de sage-femme. La profession est alors remise en cause par l’essor de la chirurgie obstétrique. La bande dessinée montre bien comment les chirurgiens – une profession exclusivement masculine – voyaient souvent d’un mauvais œil la concurrence représentée par un corps de sage-femmes bien formé. Une tension encore palpable aujourd’hui, alors que la surmédicalisation des accouchements est souvent critiquée par les partisans d’une approche plus naturelle basée sur la transmission entre femmes.
Merci aux éditions Delcourt de m’avoir permis de découvrir cette BD avant sa parution officielle le 3 mai 2023.