La goûteuse d’Hitler est un roman historique de l’Italienne Rosella Postorino (2018), traduit en français en 2019. Pendant la seconde guerre mondiale, Rosa Sauer, une jeune Berlinoise se réfugie à Gross-Partsch chez ses beaux-parents. Elle a perdu ses parents et elle n’a plus de nouvelles de son mari, Gregor, soldat allemand sur le front russe.
Manger pour l’effort de guerre
En 1943, elle devient goûteuse d’Hitler, contre son gré. Tous les jours, elle rejoint d’autres femmes réquisitionnées pour goûter les repas cuisinés pour le Führer afin de lui éviter tout empoisonnement. Tâchant de survivre au jour le jour, elle se retrouve coincée entre des beaux-parents qu’elle connaît à peine, les autres goûteuses et les SS qui les encadrent.
Une « mauvaise Allemande »
Tout le roman est raconté du point de vue de Rosa. À travers un monologue intérieur quasi permanent, le lecteur partage les pensées de cette jeune femme tourmentée qui se décrit elle-même comme une « mauvaise allemande ». Hostile au régime nazi, elle est pourtant un rouage du système de guerre. Elle partage ses pensées comme elles lui viennent, parfois de manière décousue, avec des phrases comme :
Ce soir-là, l’urine d’Hitler et la mienne sentaient pareil.
Ou encore :
Les Allemands aimaient les enfants. Les poules mangeaient leurs propres petits. Je n’avais jamais été une bonne Allemande, et j’étais parfois horrifiée par les poules, par les êtres vivants.
Les faiblesses de Rosa, ses contradictions internes, en font un personnage parfois irritant, mais auquel on finit par s’attacher. Sans être aussi réussi que le roman Elise de Marcel Sel, qui met aussi en scène une de ces goûteuses dans la « Tanière du Loup », La goûteuse d’Hitler est un roman intéressant dont j’ai hâte de discuter avec mon club de lecture !
J’ai aimé…
- les pensées intérieures de Rosa, parfois un peu décousues, révélant une femme avec ses faiblesses, ses désirs et ses traumatismes d’enfance.
J’aurais aimé…
- un dernier chapitre un peu moins déroutant. J’avoue avoir été perdue par la narration accélérée de l’après-guerre et les multiples sauts dans le temps et dans l’espace.