La Dame d’argile est le troisième roman de Christiana Moreau. L’autrice y évoque à la fois l’histoire de sa région natale (la province de Liège après la seconde guerre mondiale) et sa passion pour la sculpture et la peinture de la Renaissance italienne. Si le style rend le roman assez léger, à la limite de la chick lit, l’alternance de points de vue et d’époques fonctionne bien, offrant au lecteur (ou plus vraisemblablement, à la lectrice) un beau voyage dans le temps et dans l’espace.
4 femmes, 4 époques
Sabrina est restauratrice au Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique à Bruxelles. À la mort de sa grand-mère Angela, elle hérite d’un buste féminin dont l’origine méconnue la rend perplexe. S’agit-il d’une représentation de Simonetta Vespucci, la célèbre muse de la Renaissance italienne surnommée « la Sans Pareille » ? La signature du nom de « Costanza » signifie-t-elle que la sculpture a été réalisée par une femme ?
Pour trouver une réponse à ces questions et s’éloigner de son ancien amant, Sabrina part à Florence mener l’enquête. Ses recherches l’amène à croiser le destin de trois femmes à trois époques différentes : sa grand-mère Angela, ayant quitté l’Italie pour rejoindre son mari mineur en Belgique dans les années 1950 ; Costanza Marsiato, l’artiste mystérieuse à l’origine de la sculpture ; et enfin, Simonetta, le modèle.
Une quête de d’identité
Comme souvent, l’enquête se double d’une quête d’identité pour le personnage principal. Sabrina est dans une phase de doute : elle a besoin de trouver un nouvel élan pour surmonter sa rupture amoureuse. Si la romance florentine avec un conservateur de musée, Stefano, m’a laissée de marbre, l’empathie de Sabrina pour les femmes ayant partagé l’histoire de sa sculpture est touchante.
L’évocation de Florence au temps des Médicis et les scènes dans l’atelier de Boticelli raviront les amateurs d’art de la Renaissance. Mais l’histoire des immigrés italiens arrivés en Belgique dans les années 1950 pour travailler dans les mines est également très intéressante. Comme le rappelle le roman : « Pour chaque ouvrier envoyé en Belgique, l’Italie recevait une tonne de charbon. Des hommes échangés contre du charbon ! ». Hébergés dans les anciens camps des prisonniers de guerre, les familles de mineurs souffrent des conditions de vie sordides et aspirent à trouver un logement décent pour véritablement s’installer dans leur pays d’accueil. Un aspect du roman que j’aurais aimé que l’autrice développe davantage.
J’ai aimé…
- l’alternance des points de vue et des époques. Au début, j’ai cru qu’il serait difficile de suivre le destin parallèle de quatre femmes, mais les transitions entre chapitres sont bien gérées et on prend plaisir à retrouver régulièrement les personnages là où on les ai laissés.
- l’enthousiasme communicatif de la narratrice pour la poterie d’Impruneta.
J’aurais aimé…
- des dialogues un peu plus naturels, surtout au début.
- que le personnage d’Angela soit un peu plus développé (que sait-elle de la statue ? pourquoi souhaite-elle la transmettre de mère en fille ?).
- une courte postface pour en savoir plus : même si le personnage de Costanza est fictif et que sa sculpture n’a jamais existé, il serait intéressant de savoir quelles ont été les inspirations de l’autrice pour imaginer ce récit.
Merci à NetGalley et aux éditions Préludes de m’avoir permis de lire ce livre au moment de sa publication officielle le 9 juin 2021.