La Cité des morts, sur les traces des pionnières françaises dans le veld sud-africain

Dans son nouveau roman historique La Cité des morts, Kate Mosse met en scène deux héroïnes qui, à deux siècles d’intervalle, quittent l’Europe pour l’Afrique du Sud. Elles espèrent y retrouver les traces de leur ancêtre Louise, une aventurière du XVIe siècle. Sur fond de guerres de religion entre protestants et catholiques, le récit rend hommage à des femmes pionnières qui, affranchies de l’autorité masculine, ont bravé les obstacles pour écrire leur propre destin.

Suite et fin d’une trilogie

Romancière britannique, Kate Mosse (à ne pas confondre avec la mannequin star des années 1990) est devenue une référence du roman historique après le succès de sa trilogie du Languedoc (Labyrinthe, Sépulcre, et Citadelles), qui explore le mysticisme féminin à travers les siècles. Elle a ensuite entamé la trilogie de la Cité (La Cité de feu, La Cité de larmes et La Cité des mers), consacrée aux émigrées protestantes ayant fui les guerres de religion en Europe au XVIe siècle. Avec La Cité des morts, fraîchement traduit en français, la trilogie devient une tétralogie. Ce 4e tome s’inscrit dans la continuité historique et thématique de la saga, même s’il peut se lire indépendamment des autres volumes.

Trois époques, trois générations de femmes

La période couverte par La Cité des morts va de la France au XVIe siècle Cap de Bonne-Espérance, en Afrique du Sud, au XIXe siècle, en passant par Amsterdam. Pendant les deux premiers tiers du roman, l’héroïne, Suzanne, est une jeune Française chassée de chez elle par les dragonnades, ces persécutions infligées aux protestants après la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV en 1685. En quête d’un nouveau départ, elle quitte Amsterdam, où elle avait trouvé refuge, pour Le Cap. Sur place, elle espère en apprendre davantage sur l’une de ses aïeules, Louise, une femme pirate qui trouva elle aussi asile en Afrique du Sud plus de soixante ans auparavant.

La quête de Suzanne l’amène, sans surprise, à mieux se découvrir elle-même. Dans le dernier tiers du livre, une autre jeune femme issue de la même famille, Isabelle, reprend le flambeau près de deux siècles plus tard et poursuit les recherches entamées par Suzanne.

[Alerte au spoiler pour les paragraphes qui suivent]

Une intrigue qui manque de vraisemblance

Si les péripéties des deux héroïnes donnent lieu à des séquences très intéressantes, notamment grâce à l’intégration du contexte historique à l’intrigue, La Cité des morts déçoit par le côté un peu artificiel de son fil conducteur. L’obsession de Suzanne puis d’Isabelle pour l’histoire de Louise n’est pas vraiment convaincante, et les risques qu’elles prennent dans l’espoir de retrouver une tombe et un journal intime semblent complètement disproportionnés. D’autres aspects de l’intrigue sont également peu crédibles, comme le motif pour le moins bancal du « tueur » aux trousses d’Isabelle, ou encore le dialogue entre Isabelle et un inconnu autour de l’homosexualité et du viol.

Au final, malgré une lecture globalement agréable, j’ai ressenti une frustration croissante au fil des pages. Comme pour La Cité de feu, j’ai regretté que la fin prenne une tournure trop hollywoodienne. Plus qu’un nouveau Kate Mosse, j’ai désormais envie de découvrir l’ouvrage auquel La Cité des morts rend hommage : Je suis une mal-blanchie: la vie aventureuse d’une cousine de l’oncle Tom, traduction française de Wonderful Adventures of Mrs. Seacole in Many Lands, publié en 1851.

J’ai bien aimé

  • les personnages de Judith et Adriaan, et plus largement la description de la petite communauté du Cap dans les années 1680.
  • la façon dont le contexte historique est intégré au récit, qu’il s’agisse du rôle de la VOC (la Compagnie néerlandaise des Indes orientales), des tensions entre réfugiés français et colons hollandais au XVIIe siècle, ou encore de celles opposant Boers et Britanniques au XIXe siècle.

J’ai moins aimé

  • la « quête » des deux héroïnes qui sert de prétexte à l’intrigue mais à laquelle j’ai eu du mal à croire.
  • le dénouement très prévisible.

Merci à NetGalley et aux éditions Sonatine de m’avoir permis de lire ce livre avant sa publication officielle le 28 août 2025.

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