Du XVIIᵉ siècle jusqu’à la fin des années 1990, il existait au Canada un système officiel de pensionnats destinés aux enfants autochtones. Dirigé par des religieux et financé par l’État, ce système avait pour objectif affiché une assimilation forcée niant les cultures des peuples autochtones. Pire encore, les enfants étaient enlevés de force à leurs parents, privés de tout lien avec leur famille. Souvent victimes de maltraitance, ces jeunes se trouvaient livrés à eux-mêmes, à l’âge adulte, sans aide quelconque pour surmonter leur traumatisme.
Dans le roman historique Cinq Petits Indiens (Five Little Indians pour le titre original en anglais), Michelle Good, elle-même issue d’un peuple autochtone (la Red Pheasant Cree Nation), suit le destin tragique et pourtant héroïque de cinq anciens pensionnaires. Maisie, Lucy, Clara, Howie et Kenny n’ont que 6 ans lorsqu’ils sont envoyés de force dans une école résidentielle à la fin des années 1960. Une fois majeurs et « libérés », ils atterrissent dans le quartier malfamé d’East Vancouver où leurs routes se croisent à nouveau.
Tous se débattent avec les démons de leur enfance, marquée par les sévices sexuels infligés par le Frère du pensionnat. Lucy et Clara s’en sortent le mieux, grâce aux études qui les aident à sortir de la pauvreté. Pour les trois autres, le chemin sera plus douloureux. Les scènes les plus dures sont heureusement contrebalancées par des touches d’espoir et d’humanité.
Chacun des personnages est terriblement complexe et attachant. L’évolution de leurs relations au fil du temps illustre le pouvoir de l’entraide et de la résilience. Au final, Cinq petits indiens est une lecture édifiante et bouleversante.
Image à la une : Extrait d’une photographie représentant un groupe de religieuses avec des élèves autochtones à Port Harrison (Québec), vers 1890 (H. J. Woodside. Bibliothèque et Archives Canada, PA-123707, Wikimedia Commons).