Dessin allégorique de René Dubosc : un militant du Front populaire offre une églantine rouge à Marianne - L'Humanité, 1er mai 1936

La Belle Espérance, vivre au temps du Front populaire

La Belle Espérance est une bande dessinée historique en plusieurs tomes qui ambitionne de retracer l’histoire du Front populaire. Ce gouvernement composé d’une coalition de partis de gauche suscita de nombreux espoirs dans les classes populaires de la France de l’entre-deux-guerres. Semaine de 40 heures, congés payés, allocations chômage… les réformes sociales lancées en 1936 eurent un impact majeur sur la vie quotidienne des Français.

Le rêve d’une vie meilleure

Couverture du tome 1 de la BD « La Belle Espérance » (Delcourt, 2022)

Pour redonner vie à cette période à la fois enthousiasmante (amélioration des conditions de travail, démocratisation des vacances à la mer…) et tendue (grèves de grande ampleur, montée de l’antisémitisme et des totalitarismes), la scénariste Chantal Van Den Heuvel choisit d’adopter le point de vue d’un couple de jeune Bretons, Roger et Louison. Issus d’un milieu modeste, les amoureux rêvent d’une carrière prestigieuse à Paris. Roger espère devenir ingénieur et Louison voudrait devenir actrice. Toutefois, sans argent, impossible de se payer les études nécessaires. C’est donc la triste réalité du travail à la chaîne qui les attend.

Leur seul espoir de s’en sortir réside dans un changement politique qui leur permettrait d’exprimer leur potentiel, ou du moins d’atteindre l’autonomie financière nécessaire à leur installation dans la vie. C’est ainsi que les organisations ouvrières entrent en jeu : grèves, manifestations… les classes populaires refusent la fatalité et choisissent de faire front commun face une droite dure et antisémite qui voit dans Léon Blum un agent du bolchevisme et du « complot juif ». Ce dernier a d’ailleurs le beau rôle dans la BD, dont le premier tome, intitulé « Le temps des fruits verts », s’achève alors que le premier gouvernement socialiste de la IIIe République vient tout juste de se mettre en place.

Le suspense reste donc total en attendant le deuxième tome. Roger arrivera-t-il à réaliser son rêve en suivant des études d’ingénieur ? Comment les réformes du Front populaire vont-elles changer la vie de ce jeune couple qui peine à joindre les deux bouts ?

J’ai aimé…

  • Le scénario et notamment la façon dont se succèdent des scènes très cinématographiques, alternant la petite et la grande histoire, les personnages fictifs et les personnages historiques, les paysages de campagne en Bretagne, les salons parisiens et l’enfer de l’usine.
  • Les personnages de Sarah et Simon Bernstein, qui permettent d’évoquer à la fois la montée de l’antisémitisme et le fossé entre les conditions de vie des ouvriers/ères et des classes privilégiées dans le Paris des années 1930.

J’ai moins aimé…

  • La préface de l’historienne Danielle Tartakowsky. Au lieu d’aider à comprendre le contexte ou de donner envie de se plonger dans l’album, celle-ci résume déjà l’intrigue avant même qu’elle ne commence.
  • Le dessin aux traits un peu tremblotants d’Anne Teuf et la police choisie pour les bulles, pas toujours très lisible. Cela est bien sûr très subjectif mais je trouve que les illustrations dégagent un effet statique et que les visages des personnages sont peu expressifs, ce qui les rend moins attachants.

Merci aux éditions Delcourt de m’avoir permis de découvrir cette bande dessinée au moment de sa publication officielle le 21 septembre 2022.

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