Nos âmes sœurs de Patricia Hespel est un roman à double ligne du temps mêlant passé et présent, comme La Vie secrète d’Elena Faber, Les Yeux de Sophie, ou encore Femmes de l’ombre. Sauf qu’en plus, le récit contient une dimension fantastique avec quelques éléments surnaturels qui permettent aux destins de deux femmes de se mêler à travers les siècles.
Ludmilla a dix-neuf ans en 1486. À la mort de ses parents, elle est mariée de force au seigneur de Bàldrun, propriétaire d’un château en Moravie (dans l’actuelle République tchèque). Mais ce mariage est un enfer et Ludmilla est prête à tout pour s’en échapper.
Sept siècles plus tard, en 2007, Nelly est une jeune Française dont le monde bascule lorsqu’elle découvre l’infidélité de son compagnon. Petit à petit, elle sombre dans la dépression et pense devenir schizophrène. Quelle est cette voix intérieure qui, lorsqu’elle se manifeste, la fait agir de manière totalement contradictoire avec sa personnalité, d’ordinaire si discrète et posée ? Faut-il craindre cette autre femme, enfermée dans le même corps, ou faire d’elle une « âme sœur » ?
Personnellement, j’ai souvent du mal à apprécier les récits fantastiques et tout ce qui a trait au surnaturel. Pourtant, je dois reconnaître que l’intrigue de Nos âmes sœurs est originale et bien menée. Après une première moitié du roman lors de laquelle les deux femmes évoluent chacune de leur côté, un basculement s’opère et la deuxième partie est davantage ancrée dans le présent, avec une bonne dose de suspense.
Si la partie historique m’a semblée un peu moins réussie que la partie contemporaine, je me suis vraiment attachée au personnage de Nelly. Marquée par un traumatisme d’enfance, elle doit trouver de nouvelles ressources pour s’affirmer et surmonter sa rupture amoureuse. Comme souvent, c’est en affrontant le passé en face qu’on finit par s’en délivrer pour mieux profiter du présent. Une recette connue mais toujours vraie et universelle !
J’ai aimé…
- la façon dont les différents points de vue s’entremêlent : non seulement ceux de Ludmilla et de Nelly, mais aussi ceux des hommes (Michel, Grégoire, le frère Genséric). Cela aurait pu être déroutant mais, à une exception près (chapitre VIII), les transitions sont fluides et les changements offrent une variété de perspectives intéressante qui aide le lecteur à mieux comprendre chacun des personnages.
- la fin, à la fois ouverte et suffisamment « satisfaisante ».
J’ai moins aimé…
- les dialogues historiques qui sonnent parfois un peu trop contemporains et directs, faisant de Ludmilla un personnage hors du temps plutôt qu’ancrée dans son époque.
Merci à Genèse édition de m’avoir permis de lire ce roman avant sa publication officielle le 5 mars 2021.