Femmes de l’ombre est un roman à double ligne du temps qui nous transporte dans l’Espagne et l’Amérique du Sud du XVIe siècle à travers les recherches de Menina, une jeune étudiante en histoire de l’art ayant grandi aux Etats-Unis. Au cœur de l’intrigue se trouve le Couvent andalou de Las Golondrinas (« les hirondelles » en français), un lieu d’étude et de refuge pour religieuses et orphelines, dont l’un des trésors est une Chronique rédigée par les sœurs et renfermant un Évangile considéré comme subversif en ces temps de persécutions religieuses. Suite à la Reconquista, l’Espagne est en effet sujette à l’Inquisition qui chasse toute forme d’hérésie, pourchassant notamment les « faux chrétiens », c’est-à-dire les musulmans et les juifs convertis au christianisme mais soupçonnés de continuer à pratiquer leur religion d’origine en secret.
Au même moment, l’Espagne part à la conquête des Amériques. Certaines des pensionnaires du couvent sont envoyées au Nouveau Monde afin de fuir l’Inquisition et de perpétuer les enseignements religieux de leurs consœurs restées en Espagne. Chacune de ces aventurières doit surmonter ses blessures et se forger un destin dans un environnement hostile et souvent violent à l’encontre des femmes. Salomé, la fille de Beatriz la Catholique et de son amant musulman, tracera le chemin d’une réconciliation entre les peuples, les religions et les cultures, en épousant un chef inca et en offrant son soutien à Esperanza, Marisol, Pia et Sanchia, arrivées quelques années plus tard avec le précieux trésor du Couvent : sa Chronique, mais aussi son médaillon en forme d’hirondelle… qui trouvera son chemin jusqu’au cou de la jeune Menina.
Bien plus qu’une suite de portraits, Femmes de l’ombre est un roman bien construit et bien rythmé offrant une multitude d’intrigues mêlant la résistance d’un couvent aux directives de Rome à la recherche de tableaux oubliés (des œuvres de Mendoza, un peintre du XVIe siècle imaginé par l’auteure) et à une enquête policière visant à démanteler un réseau de trafic d’êtres humains. Les intrigues romantiques restent sobres et Helen Bryan s’intéresse avant tout au sens que chaque héroïne donne à sa vie, combinant avec bonheur la grande Histoire avec les destins individuels des femmes de Las Gondrinas. Elle nous offre ainsi, selon les termes de l’éditeur, « un véritable voyage émotionnel à travers les siècles et les continents ».
Malgré des coïncidences invraisemblables au sein du récit contemporain (le voyage de Menina en Espagne en avril 2000) et un happy end trop gros pour être crédible, les 448 pages se lisent au final très vite car il est impossible de ne pas se laisser porter par l’intrigue et les personnages.
J’ai aimé…
- Les portraits vivants et touchants des femmes de las Gondrinas au fil du XVIe siècle
- L’intégration très réussie du contexte historique dans les multiples récits : principalement l’Inquisition espagnole du XVIe siècle faisant suite à la Reconquista et la colonisation des Amériques à partir de l’expédition de Pissaro en 1524
- Le style d’écriture, très accessible
J’aurais aimé…
- Des coïncidences un peu moins invraisemblables dans la partie contemporaine du récit (comme le fait que Menina atterrisse « par hasard » au couvent de la Golondrinas)
- Un happy end un peu moins parfait et plus réaliste
Merci à Netgalley et à Amazon Publishing France de m’avoir permis de lire ce livre avant sa publication officielle le 8 mai 2018.
Entièrement d’accord avec toi, la fin m’a un peu déçue mais l’histoire m’a plus globalement donc je n’en tiens pas trop rigueur à l’auteure 🙂