Vous avez trépigné d’impatience avant le lancement de la 8e et dernière saison de la série Game of Thrones ? Vous étiez devant votre écran le 14 avril mais vous avez depuis un sentiment de « trop peu » ? Un nouveau livrevous propose de prolonger le plaisir entre deux épisodes pour explorer les liens entre la série et le Moyen Âge.
Traduction française d’un livre publié en 2016, Winter is coming (du nom du 1er épisode de la première saison de la série) explore les racines médiévales de Game of Thrones. L’ouvrage offre une perspective historique à sur les cinq premières saisons de la série, mais aussi sur les romans Le Trône de fer de George R. R. Martin.
L’auteure, Carolyne Larrington, est professeure d’histoire dans une université britannique. Spécialiste du Moyen Âge et de ses légendes, elle s’intéresse non seulement aux liens entre l’univers imaginaire de Game of Thrones et les faits historiques, mais aussi aux inspirations issues de la littérature médiévale (récits chevaleresques et fantastiques, poèmes épiques, etc.).
Côté positif, Winter is coming montre de manière convaincante la façon dont les valeurs centrales du « monde connu » imaginé par Martin sont proches des valeurs et des traditions du Moyen Âge. L’idéal de chevalerie, l’opposition entre la noblesse et le peuple, le rejet des enfants illégitimes dans la succession dynastique… sont autant de points communs.
Qui l’on est, tant dans le monde médiéval que dans celui du Trône de fer, dépend essentiellement du statut de ses parents et de ses grands-parents. (p.32)
Le rôle de la religion, en revanche, diffère dans une certaine mesure du christianisme médiéval, notamment parce les privilèges de la noblesse n’ont aucune justification divine dans la série.
De premier abord, la lutte pour le pouvoir entre les différentes dynasties qui convoitent le trône de fer fait penser à la Guerre des Roses en Angleterre au XVe siècle. Rien que les noms des familles en question, Stark et Lannister, évoquent par leur sonorité les York et les Lancaster du Moyen Âge.
Mais les influences médiévales ne se limitent pas à l’Europe de l’Ouest. Les Dothrakis, par exemple, sont vraisemblablement inspirés des tribus mongoles du début du Moyen Âge. Larrington offre un inventaire très détaillé de la diversité des influences identifiées, des Celtes aux Vikings en passant par les légendes médiévales sur les dragons. Elle n’hésite pas à inclure dans son analyse des références à des épisodes spécifiques voire à des répliques de personnages.
Côté négatif, on regrette que le livre n’aille pas au-delà de la cinquième saison. Les illustrations, issues des archives médiévales, complètent agréablement la lecture. Malheureusement, elles ne sont jamais mises en parallèles avec des photos de la série, probablement pour des raisons de droits d’auteurs.
Enfin, même si l’autrice évoque parfois l’influence d’autres périodes de l’Histoire, et notamment l’Antiquité, on reste souvent sur sa faim et on regrette que l’ouvrage se limite au Moyen Âge. Heureusement, d’autres sources existent sur le sujet. Des YouTubeurs comme La Prof et Nota Bene proposent notamment des vidéos très intéressantes qui mettent en parallèle certains aspects de Game of Thrones avec les Sept merveilles du monde antique ou encore la seconde guerre mondiale. Une façon d’ajouter une dimension supplémentaire à la lecture de Winter is coming.
J’ai aimé…
- Les parallèles faits entre les valeurs et les coutumes du monde imaginaire de Game of Thrones et des sociétés médiévales, au-delà des simples faits historiques ;
- Les exemples concrets et les références à des répliques et à des épisodes spécifiques ;
- La couverture du livre, très belle.
J’aurais aimé…
- que le livre aille au-delà de la 5e saison de la série ;
- que les illustrations issues des archives médiévales soient complétées par des images issues de la série, pour mieux mettre en parallèle les deux univers. Je suppose qu’aucune image de la série n’a pu être incluse pour des questions de droits d’auteur ;
- l’inclusion en annexe d’une carte du « monde connu » dans Game of Thrones.
Article original écrit pour Le Suricate Magazine.