Le Pays de la liberté (A Place called freedom pour le titre original en anglais) est un roman historique de Ken Follett publié en 1995. L’intrigue débute en 1767. Le Royaume-Uni entame son industrialisation. Alors qu’une nouvelle classe ouvrière fait son apparition, le Nouveau-Monde offre aux exclus de la société la chance de commencer une nouvelle vie.
L’ouvrier et la bourgeoise rebelle
Comme souvent avec Follett, le récit alterne entre les points de vue de plusieurs personnages. Le premier, Mack McAsh, est un jeune ouvrier qui travaille dans les mines de charbon en Écosse. Lettré, épris de justice, il parvient à s’échapper et tente sa chance comme docker à Londres avant d’être condamné à la déportation aux États-Unis pour avoir « incité à la révolte ouvrière ». Lizzie Hallim est quant à elle une jeune femme de la bonne société qui épouse le fils d’un riche industriel dans l’espoir de sauver sa famille de la ruine. Curieuse et non conformiste, elle aime se déguiser en homme pour circuler plus librement dans un monde où les femmes sont de plus en plus cantonnées à la sphère domestique.
Exil et révolution
Romancier à succès et maître du genre historique, Ken Follett est particulièrement doué pour faire revivre une époque à travers les détails de la vie quotidienne. Structuré en trois parties correspondant aux trois principaux lieux de l’intrigue, Le Pays de la liberté offre au lecteur une plongée dans le quotidien des mineurs, puis dans les docks de Londres, et enfin dans les plantations de Virginie. La première partie n’est d’ailleurs pas sans faire penser à Poldark, le roman-feuilleton ayant donné lieu à une série historique ayant pour cadre des mines de charbon aux Pays de Galles pendant la même période (les années 1770-1780).
Si les principaux personnages sont fictifs, on croise toutefois le chemin de personnages historiques tels que John Wilkes et George Washington. Mack et Lizzie sont en effet témoins des prémices de la révolution américaine qui mènera à l’indépendance des États-Unis.
Une bonne dose de romance et d’émotions
Autre grande qualité de Follett : générer une forte empathie du lecteur pour les personnages. En faisant deviner les péripéties à venir, l’auteur fait trembler le lecteur avant même que les scènes d’émotions fortes n’aient lieu. Mauvais traitements des ouvriers, esclavage… le XVIIIe siècle offre son lot de violences.
La tension dramatique est néanmoins un peu affaiblie par le côté un peu caricatural de certains personnages. Si les « méchants » Jamisson servent de Némésis à Mack, ce dernier est parfois un peu trop héroïque pour être crédible, comme lors de la scène du procès dans lequel il plaide sa cause comme un avocat professionnel alors qu’il vient tout juste de quitter le monde de la mine.
Le personnage de Lizzie est finalement celui qui évolue le plus, passant du statut de jeune femme hautaine gâtée par sa mère à celui d’une épouse trompée en rupture avec son milieu.
Du bon Ken Follett, donc, même s’il ne vaut pas Les Piliers de la Terre.