Le Jardin est un roman graphique à l’ambiance très particulière. Son personnage principal est un jeune garçon qui a grandi dans un cabaret parisien tenu par sa mère. Son rêve : rejoindre les danseuses qui s’effeuillent sur scène lors de spectacles burlesques.
Un mélange surprenant de sensualité et d’innocence
Au Jardin, chacune des danseuses porte un nom de fleur. Marguerite, Hyacinthe, Tournesol… chacune développe son propre numéro pour le plus grand bonheur des habitués. Ces hommes en quête de divertissement sont, pour certains, récemment revenus de la Grande guerre. Le jeune Rose, encouragé par sa mère et les autres danseuses, devient bientôt la star du spectacle. Sa différence intrigue et attire. L’un de ses admirateurs, Aimé, va devenir peu à peu confident et son ange gardien.
Un univers de femmes à l’ambiance gaie et feutrée
Alors que Le Jardin évoque un univers ultra sensuel voire sulfureux, on est frappé par la pudeur de la narration, du dessin, et par l’innocence que dégagent les personnages. Les danseuses comme les hommes qui fréquentent le Jardin sont présentés comme des individus épris de beauté et emprunts de bons sentiments. Le lecteur s’attend à tout moment à une « claque », un choc qui brise ce cocon que les femmes ont tissé autour de leur cabaret…
Mais l’autrice-dessinatrice Gaëlle Geniller, loin de tomber dans les clichés, poursuit son récit de manière inattendue et originale. Les illustrations, magnifiques, évoquent des arts décoratifs et la mode « garçonne » des années 1920. De l’ambiance feutrée des immeubles parisiens avec leurs cages d’escaliers interminables et leurs rideaux de velours rouge aux promenades dans les champs de blé, Le Jardin est une ode à la beauté de la nature comme à celle des créations humaines.
Un récit inclassable et très soigné qui donne envie de suivre cette jeune autrice.
Merci aux éditions Delcourt / Mirages de m’avoir permis de lire ce livre avant sa publication officielle le 6 janvier 201.