La Rumeur du fleuve est un roman historique sur la reconversion d’un jeune cultivateur de chanvre du Sud-Ouest de la France dans la culture du tabac dans les années 1820.
Alors qu’il n’a pas encore trente ans, Julien Lambert gère un domaine agricole hérité de ses parents à Port-de-Pascau, un village situé à une trentaine de kilomètres d’Agen, le long de la Garonne. Le lieu est célèbre pour ses gabares, de petits bateaux qui transportent les marchandises… mais aussi les ragots (la fameuse « rumeur du fleuve »).
Avec l’arrivée des bateaux à vapeur, Julien et les autres membres de la communauté locale voient leur gagne-pain directement menacé, puisque l’industrie du chanvre fournit des cordages aux gabares, désormais devenues inutiles. Refusant de se laisser mourir à petit feu, Julien décide d’embrasser le changement en convertissant ses champs à la culture du tabac, alors en plein essor. Mais il doit affronter le terrible hiver de 1829-1830 lors duquel la Garonne restera gelée plusieurs semaines, créant des pénuries à l’origine de la révolution de juillet.
Dans un style simple et avec beaucoup de réalisme, Alain Paraillous fait découvrir au lecteur le quotidien d’une exploitation de tabac au début du XIXe siècle. Alors que Julien s’initie à cette culture, c’est un changement économique mais aussi culturel qui s’opère dans cette région qui vivait traditionnellement au rythme de « la rumeur du fleuve ».
En innovant, Julien s’émancipe aussi peu à peu de l’héritage parental qui l’avait contraint à renoncer à la jeune Esilda, son amour d’enfance. Si l’intrigue romantique n’est pas particulièrement remarquable, elle permet d’introduire un personnage sulfureux, Nadia, issu de la communauté des cagots, ces laissés-pour-compte discriminés au travail comme à l’école et à l’église.
Malgré un manque d’intensité romanesque, La Rumeur du fleuve offre un récit informatif et agréable qui plaira surtout à ceux qui s’intéressent à cette région et à cette période de l’histoire.
J’ai aimé…
- la description réaliste, bien documentée et sans lourdeurs, du quotidien d’une exploitation de chanvre et de tabac ;
- l’introduction du contexte historique dans l’intrigue de manière fluide, mettant en avant les évolutions technologiques, politiques et économiques des années 1824-1830.
J’aurais aimé…
- un style un peu moins didactique et répétitif, même si le roman se laisse lire avec plaisir ;
- que le personnage de Julien soit un peu plus passionné et tourmenté.
Merci aux éditions De Borée de m’avoir permis de lire ce livre peu après sa publication officielle en juillet 2019.