La maîtresse du peintre est un roman historique qui dévoile un aspect méconnu de la vie de Rembrandt. La jeune gouvernante qui devient sa maîtresse après la mort de sa femme était-elle une manipulatrice, ou au contraire une victime ? Après avoir enquêté dans les archives, Simone van der Vlugt propose sa version de l’histoire… qui n’est pas sans écorner le mythe de cet artiste devenu un véritable héros national aux Pays-Bas.
Une jeune femme en quête d’indépendance
La maîtresse du peintre commence sur les chapeaux de roues. Greetje Dircx, l’héroïne, est arrêtée alors qu’elle se promène à la campagne et incarcérée de force dans une maison de correction. Qu’a-t-elle fait pour mériter cela ? Dès le début, le lecteur s’attache à cette héroïne à l’instinct de survie bien développé. Elevée dans une famille très modeste à Edam, elle travaille dans une poissonnerie puis dans une taverne avant d’être embauchée comme gouvernante à Amsterdam. Son employeur n’est autre que le peintre Rembrandt van Rijn, dont la renommée attire déjà de nombreux apprentis.
Le lecteur découvre le peintre à travers les yeux de la jeune femme. Dédaignant l’Eglise, mal vu par une bonne partie des notables de la ville, mauvais gestionnaire, Rembrandt ne pense qu’à son art. À la mort de sa femme, il trouve du réconfort dans les bras de Geertje. Mais que peut-elle attendre de lui ?
Une plongée dans l’Amsterdam du siècle d’or
En plus de son personnage principal très attachant, La maîtresse du peintre offre une belle reconstitution de la vie quotidienne à Amsterdam dans les années 1640. Geertje a fait le choix de l’aventure en quittant Edam. Sa condition de gouvernante lui permet de rencontrer des artistes, des artisans, des commerçants, et même quelques notables. Mais sa situation est précaire. Pour les jeunes femmes non mariées, la ville présente au moins autant de dangers que d’opportunités…
La trahison de Rembrandt
Une annexe historique très fournie permet de mieux comprendre les recherches qu’a menées l’autrice dans les archives. Outre quelques reproductions de tableaux, elle comprend des retranscriptions de sources tels que des documents juridiques (testament, déposition…) qui aident à mieux comprendre la « trahison » de Rembrandt et la relation complexe qu’il a entretenu avec Geertje. À travers son roman, Simone van der Vlugt réhabilite en quelque sorte cette jeune femme ignorée voire méprisée. Avec beaucoup de vraisemblance et dans un style très fluide, elle évoque le destin d’une femme qui, parce qu’elle a osé viser plus haut que sa condition subalterne, a pris le risque de tout perdre.
Article original publié dans Le Suricate Magazine.