La folle ardeur de Michelle Tourneur est une biographie romancée assez originale qui met en avant les liens particuliers qui ont uni l’écrivaine George Sand au peintre Eugène Delacroix. Un duo qui est en fait un trio avec le musicien Chopin, amant de Sand de 1838 à 1847.
George Sand, un « pilier » pour Chopin et Delacroix
Même si La folle ardeur évoque la vie des trois artistes, c’est bien George Sand qui est au centre du récit. De son vrai nom Aurore Dupin, Sand est née en 1804 à Paris. Elle grandit toutefois à Nohant (aujourd’hui Nohant-Vic, dans la région Centre-Val de Loire), dans le domaine appartenant à sa famille paternelle.
Grâce à son excellente éducation, elle entame une carrière littéraire sous le pseudonyme de George Sand et rencontre rapidement le succès. C’est ainsi qu’elle fréquente les salons parisiens et fait la connaissance d’autres artistes emblématiques de l’époque, tels que le musicien Frédéric Chopin et le peintre Eugène Delacroix. Alors que Chopin devient son amant en 1838, la relation de Sand avec Delacroix est plus complexe. Leur admiration l’un pour l’autre aboutit peu à peu à une amitié presque amoureuse, dont la caractère à la fois tendre et passionné transparait dans leur correspondance.
Une femme passionnée, en privé comme en public
Bien que présenté comme un roman, La folle ardeur est un réalité un récit biographique à la forme assez libre, dont George Sand est le centre. L’autrice a fréquemment recours aux monologues intérieurs, ce qui permet de souligner la complexité des sentiments entre les trois membres du trio. Mais l’absence de véritable intrigue et de trame linéaire rend la lecture parfois un peu fastidieuse. Les lecteurs qui ne sont pas familiers avec la vie de Sand et son œuvre risquent par conséquent de se sentir parfois un peu perdus.
En se focalisant sur les années 1840, Michelle Tourneur fait par ailleurs de choix de souligner certains aspects de la vie de Sand (comme son engagement pour la démocratisation du régime lors de la révolution de 1848) au détriment d’autres aspects pourtant très intéressants (par exemple son côté masculin et ses choix vestimentaires qui ont choqué de nombreux contemporains).
La maison de Nohant : une source d’inspiration pour les trois artistes
Tout au long du récit, la maison de George Sand à Nohant apparaît comme un refuge pour les trois artistes. Delacroix et Chopin souffrent d’une santé fragile et leurs séjours à Nohant leur permettent de se resourcer et d’échapper à « la folle ardeur » de Paris. Les liens qui se tissent sont de plus en plus étroits, de telle sorte que le fils de George Sand, Maurice, devient élève de Delacroix.
Mais Nohant est aussi un lieu d’inspiration où se mêlent musique, littérature et peinture. On apprend ainsi que Delacroix y a peint plusieurs tableaux, tandis que Chopin y a composé plusieurs morceaux. L’endroit et l’atmosphère de sérénité qu’il dégage deviennent ainsi indissociables de l’image de George Sand.
J’ai aimé…
- découvrir la nature ambiguë de la relation entre Sand et Delacroix, d’ordinaire éclipsée par le couple Sand-Chopin ;
- comprendre le rôle central joué par la maison de Nohant dans la vie de George Sand et de ses proches.
J’aurais aimé…
- un peu plus de romanesque pour maintenir l’attention du lecteur et donner de la cohérence au récit. La folle ardeur est finalement plus proche de la biographie que du roman ;
- l’insertion dans le roman de reproductions des toiles peintes par Delacroix à Nohant et mentionnées au fil des pages. Seule la couverture reproduit en partie l’un des tableaux.
Merci à NetGalley et à Fayard de m’avoir permis de lire ce livre au moment de sa publication officielle le 25 septembre 2019.