Peinture murale sur Henrietta Lacks

Henrietta Lacks, la femme dont les cellules ont fait avancer la science

Le roman graphique Henrietta Lacks rend hommage à une femme qui, sans le savoir, a contribué à faire avancer la recherche scientifique. Plutôt qu’une BD biographique, il s’agit d’une réflexion à la première personne – l’enquête d’une jeune femme d’aujourd’hui désireuse de comprendre qui était Henrietta et dans quel contexte historique, politique, scientifique et sociétal son histoire personnelle a pris un tour inattendu.

Une patiente pas comme les autres

Henrietta Lacks n’aurait sûrement jamais imaginé contribuer à la découverte de nouveaux vaccins, dont celui contre la polio. Cette Afro-américaine née en 1920 dans les États-Unis encore ségrégationnistes a pourtant joué un rôle majeur dans la recherche scientifique, bien malgré elle. Atteinte d’un cancer du col de l’utérus, dont elle décède en 1951, elle fait l’objet d’un prélèvement de cellules à l’hôpital Johns-Hopkins de Baltimore. En raison de leurs propriétés exceptionnelles, ces cellules dénommées « HeLa » en référence au nom de la patiente, vont être utilisées par de nombreux laboratoires de recherche à travers le monde pour tester les effets des vaccins.

Une œuvre de docu-fiction

Découvrant cette histoire – véridique – par hasard dans un vieux numéro du magazine Rolling Stone conservé par son père, une jeune adolescente – personnage fictif – décide de mener l’enquête. Pour elle qui s’intéresse aux sciences et aux questions d’égalité sociale, raciale et de genre, le sujet est passionnant. Sachant que les cellules d’Henrietta Lacks ont été prélevées et utilisées sans son consentement, quel jugement éthique devons-nous porter sur les scientifiques qui ont tiré les bénéfices des recherches qu’elles ont permises ?

Si les illustrations au crayon en bichromie bleu-rouge font penser à des esquisses et se limitent principalement à renforcer le propos, le texte d’Henrietta Lacks est passionnant. La structure en chapitres (l’album fait tout de même près de 200 pages) et l’alternance entre les éléments historiques/scientifiques et le parcours personnel de la jeune narratrice, rendent la lecture agréable. La forme aurait pu être plus accessible (notamment en incluant les notes en bas de page plutôt qu’en fin d’ouvrage), mais sur le fond, les autrices parviennent à transmettre un contenu dense de manière didactique. Henrietta Lacks est donc un album qui a toutes les chances de plaire à celles et ceux qui s’intéressent aux questions de justice sociale et d’éthique en lien avec les soins de santé, ainsi qu’au rôle des femmes et des minorités dans la recherche scientifique.

Article original publié dans le magazine Le Suricate

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