D’or et de grenat est une fiction historique au format original, plus proche du recueil de nouvelles que du roman. Les 13 récits qui la composent ont pour fil conducteur des petits bijoux précieux d’or et de grenat en forme d’abeilles issus du trésor du roi franc Childéric, enterré à Tournai en 481. L’autrice nous emmène dans un voyage à travers le temps, du Ve siècle au XIXe siècle, sur la trace de ces mystérieuses abeilles. En chemin, elle construit une galerie de portraits hétéroclites qui évoque plusieurs épisodes clés de l’histoire de Belgique.
De Tournai à Paris en passant par Bruxelles et Vienne
Professeure d’histoire établie à Bruxelles, Nathalie Stalmans a publié plusieurs romans historiques dont l’intrigue se déroule dans la capitale belge : Finis Terrae, Le vent du boulet, et Si j’avais des ailes. Une fois n’est pas coutume, D’or et de grenat a pour point de départ la ville de Tournai. Comme dans ses romans précédents, l’autrice s’inspire de faits historiques réels et « comble les trous » avec son imagination, tout en restant dans la limite du vraisemblable.
C’est en 1653 que, lors de travaux de maçonnerie, un ouvrier sourd-muet dénommé Adrien Quinquin tombe par hasard sur les trésors du tombeau de Childéric. Outre quelques armes et reliques de vêtements, ce sont surtout les 300 abeilles d’or et de grenat, ainsi qu’un anneau portant l’inscription Childerici Regis (« Childéric roi ») qui attisent les convoitises. Commencent alors diverses péripéties qui expliquent pourquoi une grande partie de ce trésor a disparu, seules quelques pièces étant aujourd’hui conservées à la Bibliothèque nationale de France. Après avoir été exposées au Palais du Coudenberg à Bruxelles sous le règle de l’archiduc Léopold-Guillaume (qui succède à l’Infante Isabelle au milieu du XVIIe siècle), les abeilles sont par la suite offertes à Louis XIV dans l’espoir d’une alliance stratégique. Elles atterrissent donc à Paris, où elles font l’objet d’un célèbre cambriolage au XIXe siècle.
Des personnages aux ambitions contrariées
La majorité des personnages de D’or et de grenat a véritablement existé. Parmi les figures historiques célèbres, outre l’Infante Isabelle et Léopold-Guillaume, on trouve le roi Louis XIV, le « Grand Ambassadeur » de l’Empire ottoman à Vienne Kara Mehmed Pacha, Pierre le Grand, tsar de Russie, Napoléon, ou encore le fameux policier-détective Vidocq. Qu’ils soient ou non passés à la postérité, l’autrice n’est pas tendre avec ses personnages. Bourrés de défauts, ils sont pour la plupart mus par des sentiments négatifs comme l’appât du gain ou la jalousie. Chaque nouvelle qui compose le roman a pour titre le nom d’un personnage et correspond à une étape vers la dispersion du trésor, le tout suivant une progression chronologique. La fin de chaque étape s’accompagne souvent d’une ouverture, laissant le lecteur imaginer la suite et contribuant créer une impression de mystère autour du trésor.
Le format « recueil de nouvelles » choisi par Nathalie Stalmans pour D’or et de grenat risque de ne pas plaire aux lecteurs qui ont besoin de s’identifier fortement à un personnage principal. Mais il a toutes les chances de ravir les passionné-e-s d’histoire qui apprécient les récits subtils et bien documentés, agrémentés d’une pointe d’ironie.