Dans sa bande dessinée intitulée Delacroix, Catherine Meurisse rend hommage au célèbre peintre du XIXe siècle en s’appuyant sur un texte d’Alexandre Dumas, dont Eugène Delacroix était un ami. Un hommage original, drôle et émouvant.
Un recueil d’anecdotes personnelles
Plutôt que d’offrir sa propre biographie de Delacroix, Catherine Meurisse a eu l’excellente idée de reprendre la « causerie » d’Alexandre Dumas, un court texte publié par l’écrivain en 1864 en hommage à son ami peintre. Reproduit en intégralité dans l’ouvrage, l’ouvrage est illustré, non pas par les œuvres de Delacroix, mais par des peintures et des dessins de Catherine Meurisse directement inspirés des œuvres de Delacroix. Si ce procédé est un peu surprenant (pas toujours facile de faire le lien entre les dessins de Meurisse et l’œuvre dont elle s’inspire), il permet de mettre en valeur les sujets des toiles plutôt que leur exécution.
Le langage imagé de Dumas, son style plein d’emphase et son sens de la formule, sont délectables. Le ton personnel du texte permet de créer l’émotion et d’offrir un grand nombre d’anecdotes plus ou moins connues sur l’homme, et pas seulement sur l’artiste. Le texte de Dumas se marie par ailleurs très bien avec les petites vignettes souvent teintées d’humour ajoutées par Meurisse au fil du récit.
L’art des couleurs
Véritable génie dans l’utilisation des couleurs, Delacroix se rend célèbre dès l’âge de 25 ans grâce à La Barque de Dante, un tableau exposé au Salon de 1822. Dumas raconte ainsi comment le cadre en bois a été fabriqué à tout hâte par un voisin charpentier… avant d’être remplacé par les organisateurs du salon.
Après les premiers succès, le scandale de La Mort de Sardanapale en 1827 (un tableau qui impressionnera fortement George Sand) fera de Delacroix un artiste controversé, considéré comme un opposant au classicisme d’Ingres. Quant à la fameuse Liberté guidant le peuple, elle sera vite oubliée en 1830 avant d’être redécouverte en 1848… et de nouveau mise au placard après la « confiscation » de la révolution par Louis Bonaparte.
Drôle, informatif, poétique et documenté, le Delacroix de Catherine Meurisse est un bel ouvrage qui plaira à celles et ceux qui s’intéressent à l’art et à l’histoire du XIXe siècle.
Article original écrit pour Le Suricate Magazine