Portrait de Lamartine peint par François Gérard en 1831 (détail), Versailles.

Au moins le souvenir : Lamartine raconté par sa femme

Célèbre pour ses poèmes, Alphonse de Lamartine (1790-1869) était aussi un homme politique. Républicain modéré, il est adulé pendant la révolution de 1848. C’est lui qui proclame la république le 24 février et qui entérine l’abolition de l’esclavage en avril. Mais sa popularité s’avère de courte durée. Il finit sa vie dans l’isolement, malade et criblé de dettes. Dans Au moins le souvenir, Sylvie Yvert imagine ce que la femme de Lamartine aurait pu écrire dans ses mémoires afin de faire justice à l’engagement de son mari.

Des mémoires apocryphes

Mary Ann Elisa Birch a tout juste trente ans quand elle épouse Alphonse de Lamartine. D’origine britannique, elle francise son nom et devient Marianne de Lamartine. Artiste peintre et sculptrice, elle reste dans l’ombre de son mari. Après la mort prématurée de leurs deux enfants, elle tente de surmonter sa mélancolie en soutenant son mari dans sa carrière littéraire, relisant ses textes et préparant les manuscrits avant impression.

En choisissant de raconter Lamartine à travers sa femme, l’autrice pose un regard plein d’amour et de bienveillance sur son personnage. Elle présente Lamartine comme un homme épris de justice et d’égalité, généreux au point de négliger sa fortune personnelle. Quoique d’origine noble, Lamartine défend le suffrage universel et la fin des privilèges de classe. Défenseur d’une République sociale et démocratique, il rejette les excès des royalistes comme des « Rouges ». Pourtant, après une popularité remarquable pendant les journées de février 1848, il tombe vite en disgrâce. Le régime se durcit et Louis-Napoléon Bonaparte se prépare à rétablir l’Empire…

Aux premiers rangs de révolution de 1848

La tristesse de Lamartine face à l’ingratitude du peuple et de ses pairs au Parlement est au cœur du roman car elle marque durablement le personnage. Véritable biographie romancée, Au moins le souvenir offre une plongée fascinante dans les coulisses de la révolution de 1848. Des extraits de poèmes, de discours et d’écrits politiques sont abondamment cités et situés dans leur contexte. Mais cette fidélité de l’autrice au personnage et au contexte historique a aussi quelques inconvénients. Le caractère effacé de Marianne, s’il est certes fidèle au rôle tenu par les femmes au XIXe siècle, rend le récit parfois un peu fade. Face aux bouleversements politiques, les enjeux personnels manquent de tension dramatique. La dynamique de couple, stable tout au long du récit, présente assez peu d’intérêt.

Au moins le souvenir n’est donc pas un roman pour frissonner ou s’évader. Il offre malgré tout un bon moment de lecture pour les passionnées d’histoire du XIXe siècle.

Podcast bonus

L’émission de France Culture « La Concordance des temps » revient sur la carrière politique de Lamartine avec Gérard Unger.

Article original publié dans Le Suricate Magazine

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