Vincent Van Gogh, Portrait du docteur Gachet, juin 1890 (détail)

Que les blés sont beaux : L’ultime voyage de Vincent Van Gogh

Couverture du roman "Que les blés sont beaux" d’Alain Yvars (2018)

Que les blés sont beaux : L’ultime voyage de Vincent Van Gogh est un roman autoédité d’Alain Yvars sur les trois derniers mois de la vie du peintre. Un période artistiquement très fertile puisque Van Gogh réalise plus de 70 tableaux en 70 jours lors de son séjour à Auvers-sur-Oise, un village pittoresque situé à une trentaine de kilomètres de Paris.

Yvars imagine ce qu’a ressenti Van Gogh au moment de son arrivée à Auvers, alors qu’il sortait d’une crise dépressive assez sévère. S’inspirant de la correspondance entre Vincent et son frère Théo, il raconte l’arrivée à l’auberge Ravoux (où l’artiste loue une petite chambre pour 3,50 francs par jour), la rencontre avec le docteur Gachet, et les nombreuses heures passées à peindre en extérieur.

Dans la tête d’un artiste tourmenté

Le style est simple et fluide. Rédigé à la manière d’un journal intime à la première personne, Que les blés sont beaux suit une progression chronologique. Toutefois, la retranscription des pensées de l’artiste-narrateur permet d’introduire habilement plusieurs flash-backs intéressants faisant référence à des évènements passés. Le séjour sans le borinage en Belgique, les années parisiennes, la complicité avec Toulouse-Lautrec, puis la période provençale avec Gauguin, sont ainsi évoqués.

L’arrivée à Auvers est présentée par Yvars comme une renaissance, une période de bonheur et de sérénité pendant laquelle Van Gogh laisse libre cours à sa créativité. Le début du mois de juillet marque toutefois un tournant, avec des sautes d’humeur et des pensées sombres de plus en plus présentes. Cette descente aux enfers, qui mène au suicide de Van Gogh le 27 juillet 1890, apparaît de manière assez abrupte dans le récit. L’auteur a-t-il sous-estimé la noirceur des pensées de l’artiste pendant son séjour à Auvers, peut-être influencé par le ton plutôt optimiste des lettres de Vincent ? Ou cherche-t-il justement à montrer que Van Gogh refusait de voir sa propre fragilité ? Dans plusieurs scènes du livre, de simples observateurs des toiles de Van Gogh remarquent une certaine douleur ou un aspect menaçant dans la façon dont le peintre représente ses sujets, comme l’église d’Auvers. Une situation qui contraste avec le ressenti de l’artiste, présenté comme heureux et épanoui au moment où il peint ses toiles.

Le roman offre en tout cas une introduction accessible et agréable à la vie de cet artiste unique en son genre, pour qui il fallait:

exagérer l’essentiel et laisser dans le vague, exprès, le banal.

J’ai aimé…

  • l’inclusion de quelques reproductions de tableaux et l’évocation des œuvres principales de l’artiste au fil du récit.
  • le côté didactique du récit, sans tomber dans un ton professoral. Le lecteur apprend ainsi quels artistes ont influencé Van Gogh, la manière dont il travaillait, etc.
  • les dialogues qui rendent le récit vivant, notamment les discussions entre Van Gogh et le peintre Martinez lors des repas à l’auberge.

Je remercie Alain Yvars de m’avoir gracieusement offert un exemplaire de son livre.

Une réflexion sur “Que les blés sont beaux : L’ultime voyage de Vincent Van Gogh

  1. Alain Yvars dit :

    Le premier mois de Van Gogh à Auvers est véritablement une période heureuse. Elle couvre les trois-quarts du livre. Je ne pense pas avoir sous-estimé la noirceur des pensées de l’artiste durant ce mois de juin, problèmes qui reviendront au début du mois de juillet. Je l’ai ressenti ainsi et Vincent me l’a raconté ainsi. Il était vraiment heureux durant de premier mois à Auvers. Il peignait… peignait… et se sentait bien. Tout le monde était charmant avec lui et personne, en dehors du docteur Gachet, ne connaissait ses difficultés.
    Vincent le dit bien lorsqu’il parle de son ressenti face à l’apparence donnée à son tableau « L’église d’Auvers » peint début juin : « Etait-ce ma propre souffrance, celle qui m’étreignait intensément en Provence ? au point d’hurler parfois ? Non ! C’était autre chose, une sorte de cri : un cri humain ? Depuis mon arrivée à Auvers-sur-Oise, j’étais heureux. Un sentiment d’allégresse montait lentement en moi. Je le sentais, les murs de cette église allaient bientôt s’ouvrir. La plainte allait se transformer en chant. »
    Vincent se joint à moi pour vous adresser un immense merci.
    Alain Vincent

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