Les Virtuoses de la Cinquième avenue (The Fifth Avenue Artists Society pour l’édition originale en anglais, publiée en 2016) raconte l’histoire de Virginia Loftin, une jeune écrivaine issue d’une famille d’intellectuels habitant Mott Haven, un quartier résidentiel du Bronx à New York, dans les années 1890.
Passionnée par l’histoire de la ville de New York et les ouvrages de Washington Irving, Virginia, surnommée « Ginny », écrit des articles pour un magazine en espérant un jour publier un roman, alors que ses sœurs s’illustrent dans les domaines de la mode, de la musique et de l’enseignement. À la fois passionnée et raisonnable, elle s’interroge sur la possibilité de concilier mariage et écriture, et se voit soutenue dans son ambition par les trois hommes de sa vie : Charlie, l’ami d’enfance dont elle est amoureuse mais qui en épouse une autre, Franklin, son frère jumeaux, et John, l’écrivain dandy qui anime un cercle littéraire et artistique dans sa demeure de la Cinquième avenue.
La découverte de ce cercle mixte où se côtoient des artistes de toute discipline constitue un déclic pour Virginia :
Sans doute étais-je avide de connaître tous les invités de Mr Hopper car ils étaient l’antithèse de ces femmes artistes, si frivoles, que j’avais coutume de fréquenter à Mott Haven. Nous étions bien loin de ces aimables personnes qui, feignant l’amour de la littérature, se retrouvaient dans des salons pour donner des conférences littéraires et pour écrire des poèmes – des réunions dont les conversations déviaient immanquablement sur leurs soupirants et le mariage. Si les femmes de mon quartier étaient pleines de bonnes intentions, les artistes, là, prenaient leur art au sérieux et accueillaient chaleureusement les novices. Quand je leur étais présentée, chacun d’entre eux mettait son tableau ou son cahier de côté pour me sourire avec chaleur. (Chapitre 6)
Si les premiers chapitres, et notamment la scène de la demande en mariage, laissent présager une romance un peu trop convenue, Les Virtuoses de la Cinquième avenue se révèle au final assez subtil et nuancé. Le personnage de Virginia est d’autant plus attachant que le récit est intégralement rédigé à la première personne, et l’auteure, qui s’est inspirée de ces ancêtres pour les personnages du roman, parvient à ménager une bonne part de suspense jusqu’à la fin du récit, notamment grâce à une intrigue parallèle bien ficelée sur le côté sombre du Cercle.
Le roman intègre par ailleurs de nombreuses références aux grandes figures new-yorkaises de la période, des Carnegie aux Astor en passant par l’éditeur George Putnam et les auteures comme Edith Wharton et Anna Katharine Green. En récréant l’effervescence artistique et littéraire de la fin du XIXe siècle et en nous la faisant vivre à travers les yeux d’une jeune femme enthousiaste et talentueuse, Joy Callaway réussit une belle performance pour son premier roman.
J’ai aimé…
- La façon dont l’auteure recréé l’effervescence artistique et littéraire du New York des années 1890
- La galerie de personnages gravitant autour du Cercle et la description des relations familiales et sociales dans la « bonne société » du Bronx
- Le style très accessible et l’utilisation d’un point de vue unique, celui de Virginia, tout au long du récit
- Le fait que certains mystères restent inexpliqués
- La belle couverture de l’édition 2018 chez Milady
J’aurais aimé…
- Des dialogues un peu plus naturels dans les tous premiers chapitres. Certains visent clairement et camper le contexte et les personnages (ex. « Tu n’est pas sans savoir que… ») et auraient pu être remplacés par des procédés narratifs plus subtils.
- Quelques informations supplémentaires en annexe sur les personnalités intégrées dans le roman et sur la probabilité (ou pas) qu’ils aient fréquenté un cercle littéraire du type de celui décrit dans le roman.
Merci à NetGalley et aux éditions Milady de m’avoir permis de lire ce livre avant sa publication officielle le 18 avril 2018.