Jérsualem

Les Maisons de sel, quatre générations de femmes de la diaspora palestinienne

Avec Les Maisons de sel, l’autrice américano-palestinienne Hala Alyan propose au lecteur de plonger dans les espoirs, les traumatismes et les contradictions de la diaspora palestinienne à travers quatre générations de femmes d’une même famille, des années 1960 à nos jours. Un roman à la fois historique et contemporain, mêlant habilement l’intime et la grande Histoire.

Publié en 2017 aux États-Unis sous le titre Salt Houses, Les Maisons de sel est désormais disponible en traduction française. Le roman évoque le destin de plusieurs femmes de la diaspora palestinienne à travers un angle particulier : celui d’une famille privilégiée de la classe moyenne qui, chassée de chez elle pendant la Guerre des Six jours en 1967, a échappé aux camps de réfugiés en émigrant à l’étranger.

Tout commence avec Salma. Après avoir fui Jaffa pour Naplouse, en territoire palestinien, Salma pense avoir trouvé un refuge. Elle se réjouit de marier ses trois enfants : Widad, Alia et Mustafa. Veuve, elle laisse une certaine liberté à ses filles, qui grandissent sans porter le voile. Leurs caractères vont les mener à choisir des destins opposés : devenue très pieuse, Widad s’exile au Koweït avec un mari bien plus âgé qu’elle, tandis qu’Alia fait un mariage d’amour avec Atef, le meilleur ami de son frère Mustafa. Mais la lune de miel est de courte durée. Après un drame familial qui hantera le couple jusqu’à leur mort, la famille se voit contrainte de tout quitter pour le Koweït. Puis ce sera le Liban, mais aussi la France et les Etats-Unis, pour Souad, la fille d’Alia, et sa propre fille Manar.

Les points de vue alternent d’un chapitre à l’autre, donnant parfois aussi la parole aux hommes de la famille. Mais Les Maisons de sel suit avant tout l’évolution de ses personnages féminins, tiraillés entre tradition et modernité, entre devoir familial et désir d’autonomie, mais aussi entre l’attrait de la vie à l’étranger et le rêve familial, transmis de génération en génération, d’un retour en Palestine.

Si la violence de la guerre est bien présente, en toile de fond, le roman ne prétend pas décrire le sort des palestiniens vivant sous occupation israélienne ou parqués dans des camps de réfugiés. En choisissant de raconter l’histoire d’une famille exilée, il évoque davantage l’ « idée » de la Palestine que la Palestine elle-même. Dans Les Maisons de sel, les personnages vivent les évènements géopolitiques à distance, de manière à la fois indirecte et profondément intime, à travers leur identité et la force des liens familiaux. C‘est un roman qui marque par l’authenticité et l’ambivalence de ses personnages, mais qu’il est difficile de lire sans être hanté par une actualité sanglante, qui nous rappelle sans cesse à quel point le conflit israélo-palestinien demeure une blessure ouverte.

Merci à Netgalley et à La Belle étoile (Hachette) de m’avoir permis de découvrir ce roman avant sa publication officielle le 29 octobre 2025.

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