La bande dessinée historique Les frères Rubinstein suit les aventures de deux frères juifs ayant grandi dans le Nord de la France. Dans les années 1930 et 1940, leur vie bascule, entre l’expérience du rêve américain et l’horreur des camps nazis. Le premier tome, sorti fin août 2020, donne le ton : un mélange d’action, d’humour et de violence, avec, toujours en filigrane, l’amour que se portent deux frères seuls au monde.
Deux frères aux caractères opposés
Salomon, dit « Sal », est l’aîné des deux frères. Bien en chair, beau parleur, il a le don de se sortir des situations difficiles. Pour échapper à l’univers de la mine, il rêve de faire carrière au cinéma et de partir pour les Etats-Unis. Moïse, le plus jeune, est quant à lui frêle et timide. Très doué à l’école, il n’a pas le charisme de son frère. Il compte sur son diplôme pour améliorer sa condition et faire la fierté de ses parents. Malheureusement, l’antisémitisme grandissant dans l’Europe de la première moitié du XXe siècle ne va pas leur faciliter la tâche.
De la vie de music-hall à l’horreur de la guerre
Construit autour de plusieurs sauts temporels entre l’adolescence des deux frères (dans les années 1920), l’émigration en Californie (dans les années 1930), et l’horreur de la seconde guerre mondiale (à partir de 1942), Les frères Rubinstein captive dès les premières pages grâce aux personnages des deux frères qui sont immédiatement attachants. Les dialogues, très bien écrits, incluent par-ci par-là quelques mots de yiddish et de langage populaire du début du XXe siècle.
La dernière scène du premier tome, sombre et violente, contraste avec les couleurs chaudes et le ton majoritairement bon enfant des premières pages. Comme prévu, dans le deuxième tome, intitulé Le Coiffeur de Sobibor, l’horreur de la guerre va crescendo. Le troisième tome, Le mariage de Bensoussan, continue d’alterner de manière convaincante passé et présent avec une incursion suprenante au sein du mouvement des Croix-de-Feu. Le quatrième tome, Les Fils de Sion, aborde la création de l’Etat d’Israël.
Vivement le 5e (et dernier?) tome !
Merci aux éditions Delcourt de m’avoir permis de découvrir cette excellente série en bande dessinée.
Quel réalisme ! Jolis coups de crayon et dialogues bien construits. Ça nous change des caricatures négationnistes iraniennes..