Le fleuve de la liberté de Martha Conway est un roman historique qui se déroule à la fin des années 1830 dans les Etats-Unis d’avant la Guerre de Sécession, alors que la rivière Ohio fait office de frontière naturelle entre le Nord du pays, abolitionniste, et le Sud, où l’esclavage se pratique encore à grande échelle.
May, la narratrice, est une jeune femme d’une vingtaine d’années qui travaille comme couturière et assistante pour Constance, une actrice qui est aussi sa cousine. De charactère timide, May se fait toutefois remarquer par son franc-parler qui la met régulièrement en porte-à-faux vis-à-vis de ses interlocuteurs car elle est incapable de mentir. Cette faiblesse en fait un personnage attachant qui, au fur et à mesure du récit, apprend à mieux communiquer avec les autres.
La transformation de May commence avec le naufrage du Moselle, un évènement historique avéré qui sert de toile de fond à un premier chapitre très efficace servant à camper les personnages et créant immédiatement un enjeu pour le lecteur. Ce drame entraînera un bouleversement majeur pour May, contrainte de quitter sa cousine et d’entamer une nouvelle vie à bord du Théâtre flottant, un bateau hébergeant une troupe de théâtre itinérante pour laquelle May réalise les costumes et gère la billetterie.
Orpheline, May trouve dans la troupe de comédiens une nouvelle famille et s’ouvre peu à peu aux autres. Les multiples arrêts au nord et au sud de la rivière contribuent par ailleurs à développer chez elle une conscience de plus en plus aiguë du problème de l’esclavage. A ce thème récurrent s’ajoute celui de la magie du théâtre, cet art qui nous demande de « suspendre temporairement et volontairement norte incrédulité » pour nous plonger dans la fiction.
Martha Conway, originaire de l’Ohio et détentrice de nombreuses récompenses pour ses fictions historiques, offre ici un récit plein de rebondissements mêlant humour, drame et empathie, dans un style limpide et « sans filtres », à l’image de son héroïne atypique. Un merveilleux moment de lecture.
J’ai particulièrement aimé…
- L’entrée en matière très rapide et l’épisode du naufrage du Moselle, un moment fort et captivant qui créé immédiatement de l’empathie avec le personnage principal ;
- L’évolution du personnage de May, sa découverte du théâtre et de la réalité abominable de l’esclavage ;
- Le style de l’auteure, accessible tout en faisant appel à l’intelligence du lecteur.
Merci à NetGalley et aux éditions JC Lattès de m’avoir permis de lire ce livre au moment de sa publication officielle le 30 mai 2018.
Une réflexion sur “La magie du théâtre face à l’horreur de l’esclavage”