La « marquise des poisons », c’est Madame de Montespan (1640-1707), la favorite du roi Louis XIV, à qui elle donne plusieurs enfants dans les années 1670. Le roman policier historique d’Olivier Seigneur relate la fameuse « affaires des poisons » qui, en 1679, compromet Montespan ainsi que de nombreuses personnalités de la Cour. Celles-ci sont accusées de sorcellerie, et plus précisément d’avoir eu recours à diverses potions maléfiques pour tuer ou affaiblir leurs ennemis, tout en participant à des messes noires à la gloire du diable.
Le personnage principal du roman, Gabriel Nicolas de La Reynie, est lieutenant de police responsable de la sécurité à Paris. Chargé par le roi d’enquêter sur cette affaire d’empoisonnements et de sorcellerie, il doit coordonner un grand procès d’exception afin de nettoyer la Cour de ses brebis galeuses, tout en préservant la favorite du Roi… Au fur et à mesure de ses investigations, le policier découvre l’existence de traîtres au sein de son entourage, déterminés à détruire sa réputation. Officier respecté et dévoué à la lutte contre le crime, de La Reynie est toutefois un personnage complexe, fragilisé par un lourd secret et des problèmes familiaux.
L’intrigue policière avec des mystères à plusieurs niveaux se suit sans difficultés et l’auteur prend volontiers son lecteur par la main pour s’assurer d’une bonne compréhension des enjeux à chaque étape. Ce style d’écriture très explicite, avec parfois des répétitions un peu trop marquées, risque de déplaire aux lecteurs avides d’intrigues complexes qui mettent leur intelligence au défi. Il a néanmoins l’avantage d’offrir une lecture facile où le plaisir vient tout autant de la résolution d’énigmes que de la reconstitution d’une période clé du règne de Louis XIV : la disgrâce progressive de Montespan au profit de Madame de Maintenon, et surtout la construction de Versailles qui supplante progressivement Saint-Germain comme résidence principale du Roi.
Si l’on peut regretter que les « méchants » soient décrits de manière trop caricaturale, et notamment la Montespan présentée comme une calculatrice irascible, vaniteuse et impitoyable, La marquise des poisons offre malgré tout une galerie de personnages pittoresques dont la plupart sont basés sur des individus ayant réellement existés. Les notes de bas de page permettent d’ailleurs à l’auteur de rappeler les faits historiques avérés ainsi que ce qu’il est advenu des différents endroits de Paris cité au cours du récit. Au final, c’est bien le roman historique qui prend le pas sur l’intrigue policière, donnant envie à la fois de redécouvrir les lieux emblématiques de cette fin du XVIIe siècle à Paris, et de lire la suite des aventures de La Reynie : car le règne de Louis XIV offre encore de nombreux rebondissements intéressants après 1679.
J’ai aimé…
- Le personnage de Gabriel de La Reynie, notamment le côté « obscur » de sa vie privée
- Le style très explicite qui rend l’intrigue policière accessible même aux lecteurs peu férus du genre
- La façon dont l’auteur reconstitue la ville de Paris et les mœurs de ses habitants au XVIIe siècle
- Les notes de bas de page qui offrent des éléments de contexte très appréciables
J’aurais aimé…
- Une Montespan un peu moins caricaturale
- Des répétitions un peu moins marquées dans la description du crime à Paris
Merci aux éditions Plon de m’avoir permis de lire ce livre avant sa publication officielle le 3 mai 2018.