Joséphine Baker dans son costume de bananes en 1927 puis en uniforme de l'armée en 1948.

Joséphine Baker, la biographie graphique d’une icône

Après une première sortie en septembre 2021 dans la magnifique série d’albums biographiques de Casterman, revoici la Joséphine Baker de Catel et Bocquet dans un nouveau format de poche très abordable (10 € pour plus de 500 pages). À la fois documenté et digeste, ce roman graphique rend un bel hommage à une femme hors du commun que certains considèrent comme la première star noire internationale.

Un tempérament indomptable

Couverture de la bande dessinée « Josépine Baker » (Casterman, 2022)

Née en 1906 dans une famille afro-américaine pauvre de Saint-Louis dans le Missouri, la petit Freda – dont Joséphine est en réalité le deuxième prénom – se distingue rapidement de ses frères et sœurs par son sens de la répartie et son caractère intrépide. Alors qu’on la destine à un emploi de domestique, elle préfère danser, chanter et faire le clown. Au fil de ses rencontres, elle sera embauchée comme danseuse puis comme chanteuse de music-hall avant de devenir une véritable star à Paris. La Revue Nègre au Théâtre des Champs-Élysées est un véritable succès et, malgré les stéréotypes racistes auxquels elle est confrontée quotidiennement, Joséphine découvre une liberté de mouvement et une mixité incomparables avec ce qu’elle a vécu dans l’Amérique ségrégationniste.

Un engagement pour l’égalité et la liberté

Si le succès lui donne la folie des grandeurs, Joséphine n’en oublie pas pour autant ses racines. Elle s’engage publiquement en faveur de l’égalité raciale et des droits civiques. Recrutée comme espionne par les Français pendant la Seconde guerre mondiale, elle soutient la Résistance et part en tournée pour remonter le moral des soldats Alliés. Ses sympathies communistes lui vaudront en revanche des déboires avec son pays d’origine, l’attachant encore plus à la France et à son domaine des Milandes dans le Périgord.

La vie privée tumultueuse de Joséphine Baker est par ailleurs évoquée tout au long de l’album. Ses mariages multiples et sa « tribu arc-en-ciel » (elle a adopté douze orphelins d’origines différentes) feront d’elle un symbole de liberté, d’amour et de tolérance bien au-delà de son personnage public de diva.

Un travail de recherche remarquable

Comme dans Alice Guy et les autres romans graphiques dans la même collection, l’album est un véritable trésor d’informations sur le personnage et son époque. Si l’épaisseur de l’ouvrage et ses illustrations en noir et blanc peuvent paraître rébarbatifs au premier abord, la lecture de Joséphine Baker de est un véritable plaisir. Grâce à des chapitres courts, chronologiques, et bien rythmés, le lecteur suit l’évolution de cette héroïne hors du commun pas à pas, de sa jeunesse démunie aux paillettes et au strass de Monaco. Le coup de crayon de Catel Muller, comme toujours, rend les femmes qu’elles dessinent très vivantes et attachantes, tandis que les dialogues renforcent le dynamisme du récit, loin des biographies classiques à la troisième personne.

Les faits historiques sont scrupuleusement respectés et le roman graphique contient une chronologie, des annexes biographiques et une bibliographie pour ceux qui souhaitent aller plus loin. On a déjà hâte de découvrir à quel personnage féminin sera consacré la prochaine bande dessinée biographique de Catel et Boquet !

Article original publié dans Le Suricate Magazine.

2 réflexions sur “Joséphine Baker, la biographie graphique d’une icône

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.