C’est une tendance forte depuis de nombreuses années : le storytelling est devenu incontournable pour les musées, les monuments et les sites historiques. Pourquoi ? Parce que tout le monde aime qu’on lui raconte une bonne histoire. Mais aussi parce qu’un récit, fictif ou réel, permet aux visiteurs de plus facilement s’identifier à un personnage historique, ou de s’attacher à un lieu ou à un objet. Les histoires stimulent la curiosité et favorisent aussi la mémorisation. Elles sont donc essentielles pour mettre en valeur une œuvre ou un élément de patrimoine.
Quelques exemples de fiction historique au musée
Au niveau le plus basique, certains musées utilisent des audioguides ou de simples carnets imprimés pour « raconter une histoire » à leurs visiteurs. C’est le cas notamment des audioguides pour enfants, qui mettent souvent un scène un dialogue imaginaire entre un enfant qui pose des questions et un adulte (artiste, personnage historique ou guide de musée) qui lui apporte des réponses dans un langage facilement compréhensible. Le Musée Magnin à Dijon et le Musée Magritte à Bruxelles utilisent par exemple cette approche dans leur audioguide pour enfants.
Mais certains musées vont plus loin et intègrent la fiction au cœur même du parcours muséal. Les récits sont toutefois presque toujours basés sur des témoignages réels et des faits historiques avérés. Ainsi, le musée Flanders Fields à Ypres en Belgique permet à chaque visiteur de se confronter aux témoignages de quatre individus ayant fait l’expérience de la Première guerre mondiale dans la région de Flandre occidentale. Mais ces quatre individus ne sont pas les mêmes pour chaque visiteur et chaque parcours est ainsi unique. L’avantage : favoriser l’empathie et la compréhension des conséquences des grands évènements historiques sur la vie des individus. Au British Museum, la « nuit au musée » (Night at the Museum) stimule l’imagination des enfants en imaginant que les momies, les animaux empaillés, et même les objets exposés, prennent vie une fois la nuit tombée.
Dans certains cas, la narration est tellement centrale qu’elle se passe d’objets historiques. Au lieu d’exposer des œuvres ou des archives, des lieux comme l’Historium de Bruges ou le Lisboa Story Centre permettent au visiteur de s’immerger dans une époque donnée (le XVe siècle pour Bruges, les XVIIe et XVIIIe siècles pour Lisbonne) au moyen de décors de théâtre et de divers outils multimédias tels que des vidéos, des écrans tactiles ou encore des audioguides utilisant la géolocalisation. Dans le cas de l’Historium de Bruges, la dimension fictionnelle est très forte avec une histoire d’amour mettant en scène Clara Cleymans, une célèbre actrice flamande.
Des possibilités infinies grâce aux nouvelles technologies
Avec le développement des technologies immersives telles que la réalité augmentée et la réalité virtuelle, les possibilités d’inviter la fiction historique dans les musées se sont multipliées. Grâce à un casque de réalité virtuelle, un visiteur peut ainsi voyager dans le temps et se retrouver acteur de l’histoire. Il peut par exemple se balader parmi des personnages historiques ou découvrir « en direct » le mode de vie des habitants d’un château au Moyen Âge. Des solutions innovantes comme Timescope offrent d’ores et déjà des résultats impressionnants, en proposant par exemple aux touristes de passage de découvrir la place de la Bastille le matin du 14 juillet 1789, avant l’éclatement de la Révolution française, ou encore le Paris de 1810.
Mais les reconstitutions historiques de lieux de patrimoine restent encore trop souvent « statiques », comme cette expérience de réalité virtuelle proposée dans le cadre de l’exposition The Grand Place to Be au Musée de la Ville de Bruxelles qui montre en « temps réel » le bombardement de la Grand Place en 1695… une place bizarrement vide et sans un seul habitant !
En attendant le développement de nouvelles expériences intégrant le pouvoir de la fiction aux parcours des musées et des sites historiques n’hésitez pas à partager vos coups de cœur et vos expériences avec le blog. Et bien sûr, rien ne vous empêche de lire un bon roman historique sur le thème d’une exposition avant d’en faire la visite, voire même créer vos propres histoires pour les partager (ou non) avec d’autres !