Et passe le souffle des dieux : Ainsi était l’An Mil est un roman historique dont l’intrigue se situe au début du XIe siècle, alors que Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, s’apprête à attaquer l’Angleterre pour imposer ses droits à la couronne suite à la mort du roi Edouard. Le personnage principal, toutefois, n’est pas Guillaume mais un jeune homme issu de la noblesse normande, Odon de Rhys. Impétueux et opportuniste mais courageux, celui-ci est nommé page à la cour de Caen. Très vite, il se rend indispensable au duc et participe ainsi à la grande bataille d’Angleterre. Mais une autre bataille se déroule en parallèle : celle des « hommes en blanc », c’est-à-dire les païens adeptes du druide Herulf, contre les chrétiens, unis derrière Guillaume.
Philippe Séguy parvient à créer une ambiance unique alliant une foule de détails réalistes sur le quotidien au Moyen Âge à l’univers quasi mystique des druides, dont les adeptes organisent des rituels sacrificiels dans la forêt. Toutefois, la progression de l’intrigue et très lente. La mort du roi Edouard n’a lieu qu’au bout de 230 pages, et le roman se clôt peu après la bataille d’Hastings, ce qui donne une idée du rythme.
D’autre part, les efforts de l’auteur pour donner un caractère historique aux dialogues rend la lecture laborieuse, d’autant plus que les enjeux de l’intrigue semblent parfois perdus de vue. Au final, j’ai mis plus de deux mois pour finir le roman, ce qui pour moi est particulièrement long – même pour ouvrage de 560 pages. Et passe le souffle des dieux s’adresse par conséquent plutôt à ceux qui sont véritablement passionnés par la période et qui apprécient les lectures exigeantes.
J’ai aimé…
- L’ambiance médiévale teintée de mystère. En plus d’évocation le monde des druides et de la forêt, l’auteur décrit de manière convaincante la vie à la cour de Normandie et dans les rues de Londres. Certaines descriptions particulièrement réussies font appel à tous les sens.
- Le choix de rendre Odon peu sympathique. Si la personnalité impulsive et orgueilleuse d’Odon rend l’identification difficile, elle en fait un personnage complexe et intéressant.
J’ai moins aimé…
- Les dialogues, souvent très verbeux, solennels et emplis de métaphores. L’auteur a me semble-t-il voulu se rapprocher de la langue médiévale et à éviter des dialogues trop modernes qui sonneraient faux. Toutefois, cela rend la lecture lourde et, dans certaines scènes, on a l’impression que les interactions entre personnages ne mènent nulle part.
- Le rythme de la narration, trop lent, et le fait que les enjeux de l’intrigue ne soient pas toujours très clairs.
- Le récit de la jeune brodeuse Trista, à Canterbury. Si le dénouement permet de comprendre la raison d’être de cette intrigue parallèle, je l’ai malgré tout trouvé peu convaincante. Le personnage de Trista n’est pas assez développé pour qu’on puisse vraiment comprendre (et donc croire à) sa détermination.
- Le dénouement, ni très crédible (en ce qui concerne le personnage d’Emeric) ni véritablement satisfaisant, même s’il laisse une ouverture qui appelle une suite.
Merci aux éditions Plon de m’avoir permis de lire ce livre peu de temps après sa publication officielle le 19 mars 2020.