Eileen Gray, une maison au soleil est une bande dessinée qui rend hommage au génie d’Eileen Gray. Restée dans l’ombre de ses « collègues » Jean Badovici et Le Corbusier, cette architecte autodidacte passionnée par le bois laqué et la décoration intérieure est la créatrice de la fameuse villa E-1027.
Née en 1878 dans le Sud de l’Irlande, Eileen Gray se passionne très jeune pour les techniques de laque en provenance d’Asie. Dans les années 1920, elle ouvre un magasin à Paris où elle fréquente les milieux artistiques lesbiens. Elle y rencontre l’architecte Jean Badovici dont elle tombe amoureuse. C’est pour lui qu’elle imagine et créé une maison originale à Roquebrune, dans le Sud de la France : la villa E-1027.
Une jeune Irlandaise à Paris
La BD de Charlotte Malterre-Barthes et Zosia Dzierzawska, toutes deux férues d’architecture, évoque quelques scènes clés de la vie d’Eileen Gray sans se livrer à une véritable biographie. Les années de formation et les années postérieures à 1933 sont à peine évoquées. L’accent est mis sur l’œuvre la conception de la villa E-1027, véritable chef d’œuvre qui se visite encore aujourd’hui.
Une œuvre longtemps sous-estimée
À l’opposé du modernisme de Le Corbusier et du concept de « machine à habiter », Eileen Gray défend la sensualité en architecture, c’est-à-dire la recherche du plaisir des sens grâce à des éléments comme les effets de lumière et la texture des matériaux. Ironie de l’histoire : la villa E-1027 doit en partie sa célébrité aux fresques murales peintes par Le Corbusier en 1938… contre l’avis d’Eileen, car en rupture totale avec l’esprit du lieu.
Eileen Gray, une maison au soleil tente ainsi de rétablir cette injustice en rappelant le talent original et longtemps sous-estimée de la femme a l’origine de cet endroit unique en son genre. Les traits de crayon gras et la palette de couleurs pastel de Zosia Dzierzawska donnent une impression de douceur qui évoque la sérénité recherchée par Eileen Gray pour sa maison. Une belle façon de lui rendre hommage, même si la bande dessinée elle-même livre finalement assez peu d’éléments sur l’évolution artistique d’Eileen Gray et sur ses autres œuvres. L’avant-propos et la postface offrent heureusement quelques pistes pour approfondir le sujet.
Article original écrit pour Le Suricate Magazine