Eiffel n’est pas un biopic mais plutôt un drame romantico-historique sur la construction de la fameuse Tour devenue le symbole de Paris. Un film sans grande originalité mais qui se savoure avec plaisir, notamment grâce aux magnifiques reconstitutions de la ville telle qu’elle était la fin du XIXe siècle.
Un chantier au cœur de la capitale française
En 1889, la France organise une exposition universelle à Paris. La ville cherche à s’offrir un nouveau monument, censé être temporaire, pour l’occasion. D’abord sceptique, Gustave Eiffel, qui a déjà plusieurs réalisations à son actif, dont la Statue de la Liberté à New York, se laisse convaincre de participer au concours. Son projet est ambitieux : une tour de métal de 300 mètres de haut, au sommet de laquelle on pourrait danser et même se restaurer.
Une fois le concours gagné, Eiffel n’est toutefois pas au bout de ses peines. Les travaux s’avèrent particulièrement compliqués. Les ouvriers menacent de se mettre en grève, les investisseurs de se retirer… sans compter que de nombreux parisiens, dont certains intellectuels, protestent contre le projet qu’ils accusent de défigurer Paris.
Le rêve d’un homme
Si le contexte politique est très peu évoqué dans le film, c’est parce que le réalisateur choisit de s’intéresser au point de vue d’Eiffel l’ingénieur, obsédé par la réussite technique de son projet. Les scènes de travaux sont particulièrement impressionnantes et les reconstituions du chantier, en plein cœur de Paris, donnent littéralement le vertige (elles valent la peine d’être vues sur grand écran !).
Une romance un peu fade
Le scénario est bien rythmé et le Gustave Eiffel de Romain Duris offre un portrait intéressant d’un homme aux racines modestes mais à l’ambition démesurée. La romance entre Eiffel et son amour de jeunesse, Adrienne (interprétée par Emma Mackey), une femme mariée, est toutefois trop convenue pour générer une véritable émotion, même si on échappe heureusement à une accumulation de clichés sur le Paris romantique.
Ce n’est pas la première fois qu’une fiction exploite l’idée que la forme en A de la Tour Eiffel constitue une déclaration d’amour de Gustave Eiffel à sa maîtresse, dont le prénom commencerait par A. Dans la très belle bande dessinée A comme Eiffel, il s’agit d’une cousine d’Eiffel prénommée Alice et non Adrienne. Quelle qu’ait été la réelle motivation d’Eiffel, une conclusion s’impose : la tour est avant tout une ode au progrès technique et à la modernité. Comme le pressentait Eiffel, les hommes et leurs sentiments s’effacent avec le temps, mais la « Dame de fer » était construite pour durer.
Article original écrit pour Le Suricate Magazine.