Victor Hugo, ennemi d’état est une mini-série de 4 épisodes sur l’action politique du grand écrivain français de 1848 à 1851. Élu député après la révolution de 1848 qui met en place la Deuxième République, Victor Hugo est alors un monarchiste convaincu. Toutefois, sa compassion pour la misère du peuple et ses idées progressistes sur certains sujets (comme la défense de l’école publique laïque et gratuite, ou encore le rétablissement du divorce) l’amènent à changer de camp pour se rapprocher progressivement de la gauche républicaine. Cette transition politique s’accompagne d’une inimitié grandissante envers Louis-Napoléon Bonaparte, le futur Napoléon III. Lorsqu’Hugo le qualifie de « Napoléon le Petit », par opposition au « Grand » Napoléon Ier, il devient ennemi d’Etat. Une insulte qui le mènera à l’exil en 1851, après le coup d’État du 2 décembre.
C’est à cet engagement politique, ainsi qu’au rôle d’Hugo dans la création du journal d’opposition L’Évènement, que s’intéresse la série. La carrière artistique du grand homme est certes évoquée, notamment à travers la rédaction des Misérables, mais toujours de manière assez superficielle. Rien ou presque sur l’origine de cette grande aventure littéraire, ou sur les relations d’Hugo avec les autres écrivains de son temps.
Une grande place est en revanche accordée à la vie intime de l’écrivain. Jonglant entre sa femme, ses enfants, ses deux maîtresses (Léonie d’Aunet et l’indéfectible Juliette Drouet), et des aventures occasionnelles avec des courtisanes, l’homme privé apparaît comme bien lâche et manipulateur. Un comportement qui contraste avec le courage et la droiture dont il fait preuve dans son engagement public. L’acteur Yannick Choirat ne crève pas l’écran par son charisme mais ses discours à l’Assemblée sont déclamés avec passion, nous permettant d’entrevoir l’homme de conviction qu’était Hugo.
Si les péripéties romantiques finissent par lasser, Victor Hugo, ennemi d’état reste une série agréable et intéressante pour mieux comprendre l’engagement politique de l’un des écrivains les plus célèbres de la littérature française.
J’ai aimé…
- découvrir le rôle d’Hugo dans la création du journal L’Évènement et les relations étroites qu’il entretenait avec ses fils ;
- la description de sa transition politique, ainsi que l’évolution de sa relation avec Louis-Napoléon Bonaparte.
J’aurais aimé…
- une évocation plus substantielle de son projet artistique et de son travail d’écriture ;
- plus d’explications sur la révolution de 1848. Celle-ci est particulièrement complexe car elle se déroule en plusieurs temps. De ce point de vue, la série aurait pu être un peu plus didactique. Le spectateur qui ne connaît pas le contexte historique risque d’être un peu perdu ;
- que la série établisse un parallèle entre les barricades de 1848 et celle de 1830, décrites dans les Misérables.