Une si jolie petite guerre de Marcelino Truong est un roman graphique autobiographique à la fois amusant, grave, informatif et émouvant. Il relate l’enfance de l’auteur à Saigon (aujourd’hui, Hô Chi Minh Ville) de 1961 à 1963 en pleine guerre du Vietnam. Marco, son grand frère et sa grande sœur ont grandi aux Etats-Unis où leur père, vietnamien, travaille comme diplomate. Leur mère, Yvette, est Française et on parle français à la maison. En 1961, le famille quitte Washington D. C. pour Saigon, ou le père doit travailler pour le gouvernement de la République du Vietnam, en guerre contre le Vietnam Nord, communiste.
L’intégration est difficile pour Yvette même si les enfants s’adaptent petit à petit à leur nouvelle vie. L’omniprésence des militaires, la propagande anti-communiste, la peur des attentats, les relations avec les soldats américains… Truong parvient à mêler de manière très réussie son histoire personnelle avec la grande Histoire. En intégrant des archives familiales dans son récit, y compris des extraits de lettres envoyées par sa mère à ses grands-parents en France, il livre un récit authentique d’autant plus touchant que les évènements sont décrits à travers son point de vue d’enfant. Aux souvenirs personnels (truffés de petites anecdotes amusantes, comme la scène où les grands-parents emmènent Marco faire pipi dans un des bars « chauds » du port de Saint-Malo) s’ajoutent des éléments de contexte importants pour comprendre ce conflit complexe et meurtrier. L’ouvrage est très informatif sans pour autant que les explications historiques retirent son charme au récit. Une belle réussite, qui me donne envie de poursuivre avec le deuxième tome…