Les inventrices et leurs inventions est un ouvrage illustré pour enfants au format bande dessinée. Accessible dès 6-7 ans, il met en scène quinze femmes dont les inventions ont représenté des innovations importantes à leur époque. Chaque inventrice fait l’objet d’une double page structurée de la même manière : sur fond d’une illustration grand format, le lecteur découvre une courte biographie, une description de l’invention en question, et enfin quelques phrases sur la postérité de cette invention.
J’ai aimé…
Côté positif, l’ouvrage a le mérite de mettre en lumière des personnages féminins souvent oubliées par l’Histoire officielle. Les exemples fournis montrent que les femmes se sont souvent inspirées de leur quotidien pour leurs inventions, cherchant par exemple à remplacer les langes pour bébés par des couches jetables, ou encore à éviter de faire la vaisselle en créant un appareil capable de nettoyer automatiquement les assiettes. Mais certaines femmes se sont également aventurées bien au-delà des tâches leur étant traditionnellement assignées, s’intéressant par exemple à la chimie et à la mécanique.
L’ouvrage souligne par ailleurs qu’une invention abandonnée n’est pas forcément un échec, car sa création stimule d’autres tentatives et contribue ainsi à faire avancer le progrès technologique. C’est par exemple le cas de l’ « encyclopédie mécanique » d’Àngela Ruiz Robles : un produit jamais commercialisé mais qui préfigure en quelque sorte les liseuses électroniques d’aujourd’hui.
Les inventrices et leurs inventions rappelle aussi au lecteur que les inventions des femmes ont souvent été occultées par celles de hommes : soit parce que ceux-ci sont parvenus à en commercialiser une version ultérieure, soit parce que les femmes ont été contraintes de passer par un homme pour déposer un brevet – ou tout simplement pour être prises au sérieux. Le cas de Martha Coston est quant à lui intéressant dans la mesure où celle-ci fit breveter les fusées de signalisation inventées par son mari après le décès de ce dernier.
J’ai moins aimé…
Côté négatif, on s’étonne que les quinze portraits choisis soient quasi exclusivement dédiés à des Américaines, dont une seule n’est pas blanche. Pour un livre dont la vocation est d’offrir des modèles aux petites filles (et aux petits garçons), ce manque de diversité est une occasion manquée, d’autant plus surprenante que l’auteure et le dessinateur vivent en Catalogne et que l’ouvrage a été traduit de l’espagnol.
On regrette aussi parfois que certains portraits s’attachent davantage à décrire la vie des femmes qu’à expliquer leurs inventions. C’est notamment le cas du portrait d’Hedy Lamarr, présentée comme une précurseuse du wifi, mais dont l’invention est à peine évoquée, contrairement à son passage à Hollywood ou à ses relations avec les Nazis pendant la seconde guerre mondiale.
Les inventrices et leurs inventions est donc un ouvrage utile pour attiser la curiosité des enfants sur quelques inventions emblématiques, mais dont l’approche un peu trop arbitraire donne aux adultes envie d’aller un peu plus loin.
Article original écrit pour Le Suricate Magazine