La Guerre des Lulus est une bande dessinée historique en 5 tomes sur les aventures d’un groupe d’orphelins français pendant la Première guerre mondiale. Des gamins attachants qui, laissés à leurs propres moyens, se débrouillent pour survivre au jour le jour dans un climat de peur et de pénurie, alors que le Nord de la France est occupé par l’armée allemande.
Un nouvel album en 2 tomes intitulé La Perspective Luigi, dont le premier tome est sorti en juin 2018 chez Casterman, offre en quelque sorte un spin-off qui vient compléter la série avec un récit des années 1916 et 1917 du point de vue de l’un des gamins, Luigi. Vingt ans après les faits, celui-ci est contacté par un journaliste qui s’intéresse aux témoignages sur l’occupation allemande. Luigi accepte de lui raconter l’épopée allemande de la petite bande. En effet, les quatre orphelins, accompagnés de Luce, une jeune réfugiée belge qui a perdu ses parents, atterrissent à Berlin en 1916 alors qu’ils espéraient rejoindre la Suisse pour fuir l’occupation. Contraints de dissimuler leur nationalité française, ils sympathisent avec un groupe d’enfants des rues et vivent de petits larcins. Mais la police allemande les repère vite et menace de les envoyer en détention…
Pour ce diptyque, le dessinateur Hardoc laisse sa place à Damien Cuvillier. Tout en apportant son propre style, avec une esthétique subtile et un peu plus claire, Cuvellier conserve l’ambiance générale de la série originale, avec une très belle reconstitution des rues et des bâtiments de Berlin, ainsi que des costumes d’époque.
Le scénario est toujours plein de rebondissements et d’humour. Hautière a fréquemment recours au comique de situation, avec par exemple des scènes très amusantes de course-poursuite entre les policiers allemands et les enfants dans les rues de la ville. Mais la dureté des conditions de vie pendant la guerre est également abordée sans détour. La file devant les magasins (les « polonaises »), le marché noir, la mendicité… Les contraintes de la guerre rendent la vie difficile mais n’empêchent pas les gamins de faire les quatre cents coups et d’apporter un peu de légèreté à cette aventure à fois tendre, cruelle et rocambolesque.
Article original écrit pour Le Suricate Magazine