Dans l’Ouest américain, en 1892, les guerres indiennes, c’est-à-dire les combats permanents qui opposent le gouvernement des États-Unis aux peuples amérindiens, touchent à leur fin. De nombreuses terres ont été confisquées par les colons et le sort des Amérindiens dans les réserves commence à émouvoir l’opinion publique. Les « tuniques bleues » de l’armée, comme le capitaine Joe Blocker qui se bat depuis vingt ans contre les tribus amérindiennes, ont du mal à accepter ce changement.
Lorsque sa hiérarchie lui ordonne d’escorter Yellow Hawk, un chef de guerre Cheyenne et sa famille, libérés après plusieurs années de détention, du Nouveau-Mexique vers leurs terres natales dans le Montana, Joe accepte à contrecœur pour ne pas perdre le droit à sa pension de soldat. Sa haine des Amérindiens et son désir de venger ses camarades tués par Yellow Hawk lui rendent la tâche insupportable. Pourtant, face aux tribus comanches qui menacent de compromettre son expédition, Joe finit par faire cause commune avec Yellow Hawk et Rosalie Quaid, une jeune veuve dont la famille entière a été massacrée par les Comanches.
Sans briller par son originalité, Hostiles reprend plusieurs ingrédients du western classique (héros solitaire mû par un sens de la justice très personnel, magnifiques panoramas sur des paysages désertiques vierges…) tout en cherchant à dépasser l’opposition manichéenne entre gentils cowboys et méchants indiens, la remplaçant par un climat plus ambigu de violence sauvage, à la fois ouverte et larvée, issue des tensions de la colonisation.
La mise en scène est globalement efficace (première scène haletante, personnages campés très rapidement) et le duo formé par Joe et Rosalie (Christian Bale et Rosamund Pike) est plutôt convaincant. Toutefois, si la romance entre ces deux personnages brisés par la perte d’êtres chers évite la mièvrerie, la glorification de la solidarité entre soldats et la « conversion » de Joe en faveur d’un meilleur traitement des Amérindiens n’y échappent pas, offrant une bonne dose de pathos pas toujours très subtil. Bale livre malgré tout ici une belle performance d’acteur, faisant évoluer son personnage d’un soldat taciturne au passé violent mû par le désir de revanche à un homme prêt à remettre ses valeurs en question au moment de quitter la vie militaire.
Ses défauts mis à part, Hostiles offre un bon moment de divertissement pour les amateurs du genre et pose sans aucun doute des questions intéressantes sur le rôle de l’armée américaine dans la « pacification » de l’Ouest américain.
Article original écrit pour Le Suricate Magazine