Gentlemind est une bande dessinée qui plonge le lecteur dans le monde de la presse magazine du New York des années 1940. Navit, une jeune femme sans le sou en rupture avec sa famille juive traditionnelle, tombe amoureuse d’Arch Parker, un dessinateur recruté par Gentlemind, un magazine de charme. Mais c’est en réalité Navit qui intéresse le propriétaire du magazine. Quand Arch part pour la guerre en 1942, le destin de Navit prend un tour inattendu.
Des relations humaines corrompues par l’agent
Le New York de Gentlemind est une ville impitoyable où les artistes sont obligés de se compromettre pour réussir à boucler leurs fins de mois et où des avocats peu scrupuleux défendent les intérêts des grandes entreprises américaines au détriment des droits des travailleurs immigrés.
Pourtant, rien n’est tout blanc ou tout noir. Certains résistent à leur manière. Au cœur du récit, la rencontre entre Navit et Waldo Trigo, un avocat d’origine portoricaine. Réunis par les circonstances, ils cherchent à donner un sens à leur solitude en se lançant dans une entreprise inédite : reprendre Gentlemind et en faire LE magazine de l’homme moderne, au-delà des pin-ups de couverture.
Une femme fatale qui bouscule les codes
La petite touche féministe de l’intrigue n’empêche pas Gentlemind de jouer avec les codes de la période et de restituer une belle ambiance historique. Le dessinateur, Antonio Lapone, est en effet passionné par les années 50. Son trait de crayon, assez rectiligne, ne favorise pas l’expressivité des visages, mais offre incontestablement un graphisme stylé et original.
Navit est un personnage intéressant : « Poulette » d’un magnat de la presse, elle n’est pourtant pas motivée par l’argent mais cherche à exister par elle-même. La fin du premier épisode, qui évoque de possibles retrouvailles entre Navit et Arch, donne envie de plus !
Article original écrit pour Le Suricate Magazine