Gentleman Jack est une série historique en 8 épisodes diffusée au printemps 2019 sur HBO et BBC One. Inspirée d’une histoire vraie, elle retrace le parcours atypique d’une propriétaire terrienne qui, à contre-courant des normes sociales de l’Angleterre des années 1830, décide de vivre comme un homme.
Un témoignage historique unique en son genre
Le journal intime d’Anne Lister, conservé par ses descendants, est un document historique totalement inédit. Contenant 27 livrets et plus de 5 millions de mots, il regorge d’observations et de confidences personnelles sur sa vie au sein de la bonne société d’Halifax, une ville du Yorkshire dans le Nord de l’Angleterre. Ce qui est particulièrement remarquable, c’est qu’Anne Lister consigne de nombreux détails intimes dans son journal, utilisant pour cela un langage codé. Elle y révèle son homosexualité mais aussi quantité de détails sur sa santé, ses affaires ou encore ses stratagèmes amoureux.
Alors que les années 1830 se caractérisent par un cantonnement de plus en plus marqué des femmes dans le domaine privé, Anne gère la propriété de son père et se lance dans l’exploitation d’une mine. D’allure masculine, toujours vêtue de noir, elle refuse le mariage et voyage en Europe avant de retourner dans le domaine familial où elle projette de s’installer avec sa dernière conquête en date, la jeune héritière Ann Walker.
Une série qui oscille entre le drame et la comédie
Bien que Gentleman Jack soit directement inspirée des écrits d’Anne, on regrette que des extraits de son journal ne soient pas plus souvent cités pour mettre en avant son regard unique sur l’époque. Même si Anne est régulièrement filmée en train d’écrire, son besoin compulsif de prendre note de tous les détails de sa vie est éclipsé au profit de sa correspondance avec ses proches.
Sa « proie », la jeune Ann Walker, est d’abord présentée comme une oie blanche, mais son personnage évolue petit à petit pour prendre un peu plus d’ampleur. La famille d’Anne Lister et ses ennemis en affaires, les frères Rawson, sont toutefois un peu caricaturaux. Les intrigues secondaires, qui concernent le personnel au service de la famille Lister, ne sont pas toutes sans intérêt, mais elles auraient mérité d’être plus développées. Enfin, les grands évènements historiques de la période ne sont pas évoqués et la romance lesbienne a une place centrale dans la série, ce qui n’est pas forcément pour attirer le grand public et les amateurs de drame historique.
Une deuxième saison est actuellement en préparation.
J’ai aimé…
- Le jeu de l’actrice Susanne Jones. Même si elle en fait parfois un peu trop (comme lors du bal à Copenhague dans l’épisode 7), Jones incarne à merveille le mélange de fougue, de féminité et de masculinité dégagé par Anne Lister.
- Les costumes et les décors, fidèles à la période jusque dans le détail des coiffures et du mobilier.
- L’intrigue secondaire autour du jeune Thomas, même si celle-ci est relativement peu développée.
- Le générique, avec une musique de O’Hooley & Tidow.
J’ai moins aimé…
- Les effets comiques voire quasi parodiques, souvent liés au personnage d’Anne, par exemple lorsque celle-ci s’adresse à la caméra ou lorsqu’elle marche comme un tourbillon qui emporte tout sur son passage. Les meilleurs moments de la série me semblent être ceux dont le ton est plus dramatique.
- Le côté un peu répétitif du « jeu du chat et de la souris » entre Anne et Ann, qui est parfois un peu lassant.
- L’intrigue secondaire autour de la domestique Eugénie, qui présente peu d’intérêt.
Cette série m’a beaucoup intriguée quand j’en ai vu les trailers. J’ignorais qu’elle se basait à ce point sur une histoire vraie, et d’ailleurs aussi fournie par le journal d’Anne Lister ! Toute représentation LGBT m’intéresse de manière générale, mais avec ton article et ton avis précis, ça me donne bien envie de donner sa chance à cette série ! 😀