Rive nord du Bosphore dans l’après-midi, Istansbul, 30 août 2011. Photo de Moyan Brenn from Italy (Flickr), CC BY 2.0.

Dernier train pour Istanbul, un roman sur le sauvetage de juifs français par la Turquie

Dernier train pour Istanbul est un roman historique publié en 2002 par la célèbre romancière turque Ayşe Kulin. Traduit en anglais en 2006 puis en français en 2009, il met en lumière le rôle méconnu des diplomates turcs dans le sauvetage des Juifs réfugiés en France pendant la seconde guerre mondiale.

Un drame familial

Couverture du roman Dernier train pour Istanbul d’Ayşe Kulin (Ramsay, 2009)

Avant même d’être un roman sur la guerre, Dernier train pour Istanbul est l’histoire d’une famille brisée par le départ de l’une des sœurs, déterminée à épouser un juif malgré l’opposition de sa famille. Ayant quitté la Turquie pour la France, Selva et son mari Rafael se trouvent piégés après l’invasion allemande de 1940. Alors que la persécution des juifs s’intensifie, la perspective de rentrer en Turquie affronter le scandale apparait soudain moins terrifiante.

De son côté, Sabiha, la sœur de Selva, est mariée à un diplomate qui se trouve au cœur des négociations entre la Turquie et les puissances en guerre. Soucieuse de rester neutre tout au long du conflit malgré la pression des Alliés (surtout des Anglais), la Turquie joue néanmoins un rôle actif pour protéger ses concitoyens juifs des rafles organisées par l’Allemagne dans les pays occupés. Bien que les personnages du roman soient presque tous fictifs, l’action des diplomates turcs, en France et en Turquie, est directement inspirée de faits réels. Envoyé en 1939 auprès de l’ambassade de Paris, Behiç Erkin a contribué à sauver près de 20 000 citoyens juifs d’origine ottomane en leur fournissant des papiers d’identité turcs, grâce notamment à l’aide de Necdet Kent, consul général à Marseille.

Une histoire de survie en temps de guerre

À la lutte de Selva et Rafael s’ajoute celle de nombreux autres juifs persécutés par les Allemands. Alors que les autorités turques ne sont censées rapatrier que les juifs de nationalité turque, plusieurs non-Turcs arriveront en réalité à obtenir des papiers – un véritable passeport pour la liberté.

Si le récit de ces multiples destins individuels est touchant, l’apparition de nombreux nouveaux personnages dans la deuxième partie du roman fait que les personnages principaux initiaux, comme Sabiha, son mari et ses parents, sont largement délaissés. C’est un peu dommage, mais l’intérêt se maintient malgré tout grâce aux personnages de Tarik et de Selva, et grâce à certaines scènes particulièrement émouvantes, comme le concert improvisé dans le train.

J’ai aimé…

  • le personnage de Tarik, héroïque mais imparfait, sans idéalisme excessif.
  • découvrir le point de vue des diplomates pendant le conflit et mieux comprendre le positionnement de la Turquie par rapport aux pays alliés.
  • la description des conditions de vie dans la France occupée, à Istanbul, et lors du voyage Paris-Istanbul.

J’aurais aimé…

  • un meilleur équilibre entre les personnages. Certains comme Sabiha ont complètement délaissés dans la deuxième partie du roman, alors que de nouveaux personnages émergent sans qu’on ait vraiment le temps de s’attacher à eux.
  • un peu moins de monologues intérieurs, surtout au début, et un peu plus d’action et de dialogues.
  • plus d’explications sur les faits réels ayant inspirée l’autrice, dans la postface.

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