Nathalie Stalmans est née à Schaerbeek (Bruxelles) le 23 décembre 1970. Historienne de formation, spécialiste de l’Irlande au Moyen Age, elle est enseignante dans le secondaire et se passionne pour l’histoire de sa ville natale. Son roman Finis Terrae, publié en 2014 et nominé pour le Prix des Lycéens 2017, retrace le quotidien des habitants d’une maison bruxelloise au XVIIe siècle. Dans Le Vent du boulet, l’auteure reprend cette même maison pour cadre, nous faisant partager la vie des deux familles bourgeoises qui l’habitent, cette fois-ci en pleine période révolutionnaire (1796).
Vous avez plusieurs romans historiques à votre actif. Comment procédez-vous pour la phase d’écriture : Partez-vous de votre imagination pour ensuite enrichir votre récit d’éléments historiques, ou est-ce plutôt la recherche dans les archives qui vous donne des idées de récits ?
Je commence d’abord par interroger les sources, puis la fiction vient se greffer sur les faits historiques. L’histoire est un tel support que j’ai souvent l’impression de ne pas avoir besoin de beaucoup d’imagination ! À titre d’exemple, les archives du procès de la Bassanet, cette trafiquante d’enfants abandonnés reconvertie en accoucheuse, en 1761 puis en 1771, m’ont amenée à m’interroger sur les raisons de sa dénonciation par Honoré Eysewyck, l’un des responsables des enfants trouvés à Bruxelles. J’ai donc imaginé une situation qui expliquerait ce changement d’attitude face à un comportement finalement largement toléré jusqu’alors.
En quoi l’écriture du « Vent du boulet » a-t-elle été une expérience différente de « Finis Terrae » ?
En règle générale, je ne me mets pas une pression énorme et je ne m’impose pas de deadlines strictes. L’écriture reste pour moi un loisir, un plaisir. Dans le cas de Finis Terrae, les sources étaient plus rares et j’ai donc dû imaginer qui auraient pu être les habitants de la maison de la Rue Neuve. Pour le Vent du boulet en revanche, j’ai trouvé des archives détaillées sur les habitants de la maison, avec des informations très intéressantes qui ont rendu le processus d’écriture encore plus gai. Les familles Durand et Deberghe ont bel et bien existé. La seule entorse que j’ai faite à la réalité est que, dans le roman, j’ignore le fait que les deux aînés Deberghe sont morts en bas âge. Les personnages vivent dans une période tellement dure que je n’avais pas envie de leur faire vivre une telle tragédie, en plus de tout le reste.
Pourquoi avoir choisi ce titre pour votre roman ?
« Le vent du boulet » est une appellation qu’on donnait autrefois au choc émotionnel provoqué par une explosion. Si l’un des personnages, Charlie, a été véritablement choqué par son expérience de la guerre, chaque personnage a également vécu un traumatisme qui a façonné sa personnalité et influé sur son comportement.
Quel est votre personnage préféré ?
Rosalie est un personnage secondaire que je trouve particulièrement attachant. Une jeune fille de la campagne élevée dans un couvent puis jetée à la rue et livrée à la misère après sa fermeture.
Y aura-t-il une suite au « Vent du boulet » ?
La suite doit se passer au XIXe siècle, mais les sources sont beaucoup plus nombreuses pour cette époque, ce qui signifie que je me trouve devant une montagne d’histoires possibles. Ce ne sont plus les propriétaires qui habitent la maison mais des commerçants qui louent les lieux pour y installer leur magasin. Il y a plusieurs pistes intéressantes mais je n’ai pas encore trouvé l’inspiration nécessaire à l’intrigue d’un troisième tome.
Au mois de novembre en revanche j’ai terminé l’écriture d’un roman sur un autre sujet : le séjour des sœurs Brontë à Bruxelles dans les années 1840. Comme ce sujet a déjà été traité par plusieurs auteurs, j’ai décidé de le traiter à partir d’un angle différent, en partant du point de vue des Bruxellois, alors que dix ans après, Elizabeth Gaskell entreprend d’interroger le personnel du pensionnat Héger afin de rédiger sa biographie de Charlotte Brontë.
J’aime laisser mes manuscrits en friche plusieurs mois avant de les reprendre pour vérifier la cohérence du récit, des personnages… De cette façon, je m’assure d’être satisfaite de mon texte avant de le soumettre à l’éditeur. J’espère donc reprendre mon texte dans les prochaines semaines pour en finaliser l’écriture.
En attendant la publication de ce nouvel ouvrage et pour en savoir plus sur le contexte historique du Vent du boulet, vous pouvez écouter l’entretien accordé par Nathalie Stalmans à Laurent Dehossay dans l’émission « Un jour dans l’histoire ».