J’ai rencontré René Manzor lors du WaHFF 2021, le festival du film historique de Waterloo. Outre sa participation au Jury officiel, il y animait une conférence sur les liens entre histoire et fiction autour du film d’Antoine de Caunes, Monsieur N. Sorti en 2003, ce film explore les nombreuses théories autour du séjour de Napoléon à Sainte-Hélène.
Réalisateur, scénariste et écrivain français, René Manzor a écrit et réalisé plusieurs longs métrages comme Un amour de sorcière (1997) mais aussi de nombreux téléfilms et séries à succès (Les Aventures du jeune Indiana Jones, Alice Nevers : le juge est une femme, etc.). Son thriller historique Apocryphe, publié chez Calmann-Lévy en 2018, a pour personnage principal le du fils de Jésus et offre une relecture originale des textes saints.
Ayant malencontreusement effacé l’enregistrement de notre entretien avant d’avoir pu le retranscrire, j’ai malgré tout noté quelques-unes de ses remarques qui donnent une idée de son approche de la fiction historique :
Sur l’incohérence des sources :
Avec les sources historiques, il y a toujours des trous. Les sources sont aussi parfois contradictoires. Pour combler les trous, je m’interroge sur ce qui pourrait remettre de la cohérence entre toutes les sources connues. Paradoxalement, c’est donc par le biais de la fiction qu’on peut apporter une certaine cohérence aux récits historiques qui en manquent.
Sur l’importance pour une fiction historique de rester crédible, sans devoir forcément être « vraie » :
Mon travail, c’est de faire en sorte que ça sonne vrai. C’est pour ça que, quand j’écris une fiction historique, les amarres du crédible ne sont jamais rompues. Quand on fait de la fiction, on ne prétend pas atteindre la réalité. Par contre, il doit y avoir une forte « odeur » de réalité, les personnages et les situations doivent être crédibles ou probables, pour que les gens puissent y croire. C’est pareil dans le genre fantastique d’ailleurs.
Sur la liberté du scénariste :
Quand on adapte un roman à l’écran, il y a souvent beaucoup plus de personnages que ce dont on a besoin pour un film. Dans le cas de Monsieur N. par exemple, j’ai délibérément choisi de créer un personnage qui « fusionne » plusieurs personnages existants, tout en restant fidèle à la situation.