Dans Dernier amour, le réalisateur Benoît Jacquot s’intéresse à la relation de Casanova, alors vieillissant, avec une jeune courtisane manipulatrice, La Charpillon. Dans le Londres de la fin du XVIIIe siècle, le vieux séducteur fréquente assidûment les lieux de débauche. C’est là qu’il rencontre La Charpillon, une très jeune femme dont la mère est la maquerelle, et dont il finit par tomber amoureux. La jeune femme résiste en effet à ses avances sous divers prétextes, parvenant à lui extirper de l’argent sans lui permettre d’assouvir son désir pour elle. Le « pacte » qu’elle lui propose : « L’aimer autant qu’il la désire ».
Contrairement à Don Juan, qui est un personnage de fiction, Casanova a bel et bien existé. Né à Venise en 1725 et mort en Bohême (République tchèque) en 1798, il est célèbre pour avoir écrit ses mémoires, intitulée Histoire de ma vie. Dans celles-ci, il révèle avoir eu des relations avec plus de cent quarante femmes lors de ses nombreux voyages à travers l’Europe. Lorsqu’il évoque l’une de ses dernières relations, La Charpillon, on devine les effets d’une passion peu commune qui distingue cette femme des autres.
À l’opposé de l’arrogance fanfaronne du Casanova de Fellini (1976), le Casanova de Jacquot est un homme rongé par le doute et l’angoisse, dévoré par une obsession destructrice. Malheureusement, Vincent Lindon peine à convaincre dans ce rôle de séducteur libertin pris au piège de la passion. Dans le rôle de la Charpillon, Stacy Martin parvient à rendre son personnage de fausse ingénue assez insupportable, et les stratagèmes auxquels elle a recours pour maintenir l’intérêt de Casanova en évitant de passer à l’acte sont tellement gros qu’on ne lasse rapidement. Comme dans le Mademoiselle de Joncquières d’Emmanuel Mouret, qui met également en scène la passion irrationnelle d’un vieux libertin pour une jeune courtisane, les scènes de dialogue ont un côté très théâtral. Toutefois, la langue est maniée ici avec moins de bonheur et le scénario manque de peps.
Dernier amour est donc un film plutôt décevant qui passe par ailleurs sous silence plusieurs aspects importants du personnage de Casanova. Son rapport à la musique, à l’écriture, à la religion, ou encore son appartenance à la franc-maçonnerie, sont à peine évoqués. Mieux vaut donc se plonger dans Histoire de ma vie pour mieux comprendre ce personnage hors norme et pourtant si emblématique de l’Europe du XVIIIe siècle.
Article original écrit pour Le Suricate Magazine
Rien qu’en regardant la bande-annonce je comprends que ce film souffre d’un des défauts des films français : on ne comprend rien. Est-ce que ce serait si compliqué d’articuler un minimum ? Dans « l’échange des princesses », j’ai été obligée de mettre les sous-titres ! Ce sera sans moi donc, malgré que tous les ingrédients étaient réunis pour me plaire 🙂
Je n’ai pas encore vu « L’échange des princesses » mais du coup je revois mes attentes à la baisse, même si je reste curieuse 😉