Portrait peint d'Angela Davis.

Power, un roman au cœur du Black Panthers Party

Couverture du roman « Power » de Michaël Mention (Stéphane Marsan, 2018)

Power est un roman de Michaël Mention qui retrace l’histoire du Black Panthers Party (BPP) aux Etats-Unis du milieu des années 1960 au début des années 1970. La genèse, la montée en puissance puis l’implosion du parti créé par Bobby Seale and Huey P. Newton à Oakland en 1966 est abordée à travers les points de vue croisés de trois personnages :

  • Charlene, la jeune afro-américaine rebelle qui veut changer le monde et retrouver sa dignité,
  • Tyrone, un ex-prisonnier recruté comme indic par le FBI pour infiltrer le mouvement,
  • Neil, un policier blanc confronté à la violence du BPP à Los Angeles.

D’un côté, l’auteur multiplie les références au contexte historique : émeutes de Watts (1965), manifestations contre la guerre du Vietnam, assassinat de « Bobby » (Robert) Kennedy en 1968, meurtre de Sharon Tate par la secte du guru Charles Manson en 1969, arrivée au pouvoir de Nixon… D’un autre côté, Mention choisit d’utiliser des pseudos plutôt que les véritables noms des personnages historiques (par ex. « Bobby Stills » et « Huey Norton »), suggérant ainsi qu’il s’autorise certaines libertés avec les personnages. L’originalité de son approche consiste à aborder les différents aspects du mouvement à travers trois personnages aux motivations bien distinctes. Le personnage de Charlene permet ainsi d’aborder le rôle des femmes, tandis que les parcours de Neil et de Tyrone permettent de comprendrele rôle du Counter Intelligence Program du FBI dans le « sabotage » des Black Panthers.

J’ai mis un peu de temps à entrer dans le roman mais, au fil des pages, je me suis vraiment intéressée aux trois personnages principaux, à leurs conflits internes, puis à leur descente aux enfers respective. Power est en effet un roman qui va crescendo vers de plus en plus de violence, jusqu’à l’implosion du BPP, ses déchirements avec les gangs et les branches dissidentes comme la Black Libération Army (BLA). Certaines scènes sont vraiment très violentes, et l’intégration fréquente d’extraits de chansons emblématiques de la période sert à rythmer l’action – même si l’effet est moindre lorsqu’on n’est pas familier avec les morceaux en question. J’ai aimé suivre l’évolution des personnages, même si c’est très dur. Le personnage de Neil en particulier est intéressant : comment un policier blanc initialement plutôt progressiste et critique de la politique de la police envers les Noirs vire-t-il à l’extrême violence raciste, jusqu’à devenir un psychopathe sanguinaire ?

En définitive, malgré la difficulté à saisir toutes les références historiques et le malaise créé par les scènes d’extrême violence, j’ai quand même apprécié de découvrir le mouvement des Black Panthers « de l’intérieur » (heureusement que j’avais quelques bases grâce à la superbe BD de David F. Walker et Marcus Kwame Anderson). Il me semble d’ailleurs que Power ferait une excellente mini-série télé !

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