Photo-portrait de Ruth Bader Ginsburg en 2006

On the Basis of Sex : le combat d’une femme pour mettre fin aux discriminations dans la loi

On the Basis of Sex (traduit par « Une femme d’exception » pour le marché français) est un film biographique en hommage à Ruth Bader Ginsburg, juge à la Cour suprême des États-Unis et ancienne militante contre les discriminations de genre. Celle-ci, aujourd’hui âgée de 85 ans, apparaît d’ailleurs à la fin du film, ayant été impliquée dans le projet dès le début par le scénariste (son neveu Daniel Stiepleman) et la réalisatrice Mimi Leder.

Côté positif, le film fait le choix de s’intéresser plus particulièrement à une affaire emblématique défendue par Ginsburg alors qu’elle était encore professeure de droit à l’Université Rutgers au début des années 1970. Charles Moritz est alors un homme célibataire d’âge mur qui s’occupe de sa mère sénile et dépendante. S’étant vu refuser la déductibilité fiscale des soins infirmiers à domicile sous prétexte qu’il n’est ni marié ni veuf, il décide de porter plainte contre l’administration fiscale. En défendant son cas, Ginsburg veut démontrer l’absurdité de cette loi qui prive les hommes célibataires d’un droit accordé aux femmes à conditions semblables. Grâce à ce précédent, elle espère démonter un à un les obstacles juridiques à l’égalité des sexes.

Sa stratégie est toutefois critiquée au sein du mouvement féministe par les adeptes d’une approche protestataire plus radicale visant à dénoncer les lois discriminantes plutôt qu’à tenter de changer le système de « l’intérieur ». Une vision dont la fille de Ginsburg se fait l’écho dans le film, alors que les mouvements de protestation contre la guerre du Vietnam et contre le conservatisme moral du pouvoir en place se multiplient dans les grandes villes américaines.

L’opposition entre passé et présent, entre la rapidité de l’évolution des mœurs et la lenteur de l’évolution du droit, est soulignée de manière intéressante par plusieurs scènes qui mettent en parallèle la préparation du procès par Ginsburg et l’American Civil Liberties Union, d’une part, et par les avocats de l’administration américaine, d’autre part. Une façon intelligente de développer les arguments utilisés des deux côtés tout en renforçant l’effet de tension dramatique menant au procès.

Côté négatif, On the Basis of Sex manque de subtilité. La scène clé lors de laquelle l’affaire Charles Moritz est débattue par la Cour d’appel multiplie les longs silences et les gros plans appuyés, avant de conclure par un retournement de situation prévisible et peu crédible. Par ailleurs, malgré une performance honorable de Felicity Jones dans le rôle-titre, l’idéalisation de son personnage et de sa vie de famille affaiblit le propos. Son mari Martin Ginsburg, incarné par l’irrésistible Armie Hammer, est ainsi représenté comme un homme en tout point parfait, entièrement dévoué à sa femme et à ses enfants, sans que des tensions n’apparaissent jamais véritablement au sein du couple.

Au final, il est presque abusif de parler de biopic. On the Basis of Sex s’apparente plutôt à une version romancée d’une tranche de vie qui ravira les amateurs de drames romantiques feel good et les sympathisant(e)s de la cause féministe, mais dont le style un peu trop lourd a peu de chance de convaincre les sceptiques.

Article original écrit pour Le Suricate Magazine

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