Gravure en noir et blanc représentant Lacenaire

La voix secrète : un roman policier dans le Paris des années 1830

La voix secrète de Michaël Mention est un roman policier historique très réussi qui parvient à recréer l’atmosphère particulière des premières années du règne de Louis-Philippe en France, cette « monarchie de Juillet » issue de la révolution de 1830. Paris est alors marquée par de grandes inégalités sociales et par la menace constante d’attentats, notamment de la part de groupes républicains radicaux. Mention, adepte du roman noir, nous emmène dans les bas-fonds parisiens en plein hiver 1835-1836. Dans ce monde sombre, impitoyable, et exclusivement masculin, chacun tente de survivre sans perdre son âme.

Lacenaire : un meurtier célèbre

L’auteur s’est inspiré, pour son roman, des dernières semaines du célèbre criminel Pierre-François Lacenaire (1803-1836), poète et mémorialiste guillotiné à l’âge de 35 ans pour avoir commis un double meurtre, après avoir fait les choux gras de la presse pour diverses affaires d’escroquerie. Nous découvrons un Lacenaire haineux et cynique, écœuré par un régime qui tolère des inégalités toujours grandissantes. Son amitié improbable avec Pierre Allard, le Chef de la Sûreté responsable de son arrestation, nous le fait percevoir avec une certaine ambivalence.

Un suspense qui fonctionne

L’intrigue est efficace et la scène lors de laquelle la tension et la violence atteignent leur paroxysme, au chapitre 36, est très réussie. J’ai aussi beaucoup apprécié la profondeur psychologique des personnages. Canler, adjoint d’Allard et sorte de Némésis de Lacenaire, complète le trio avec son caractère énigmatique mais déterminé.

Le style est plutôt agréable, même si l’utilisation récurrente des trois points (« … ») en fin et en début de phrase est parfois un peu déroutante. L’intégration de quelques extraits des (vrais) Mémoires de Lacenaire dans le récit n’empêche pas le romancier de donner à son personnage principal une voix très moderne et diablement envoûtante. Bref, un excellent roman dont j’aurais volontiers fait l’acquisition si le prix de l’édition numérique n’était pas si prohibitif (10,99 EUR pour la version Kindle contre 7,10 EUR pour le format papier).

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