photo du mur de Berlin en 1989

La Vie secrète d’Elena Faber, de Jillian Cantor

La Vie secrète d’Elena Faber de Jillian Cantor est un roman à double ligne du temps similaire en de nombreux points aux Yeux de Sophie de Jojo Moyes : Une femme trentenaire récemment séparée de son mari rencontre un homme et retrouve un sens à sa vie alors qu’elle fait des recherches sur la vie d’une autre femme ayant vécu pendant la guerre et à laquelle elle s’identifie. Toutefois, si le personnage contemporain de Moyes, Liv, devient très vite irritant, les deux héroïnes de Cantor sont chacune sympathique à leur manière : Elena est une jeune juive autrichienne qui s’engage dans la résistance contre les Nazis en 1939 après l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne. Prête à prendre d’énormes risques pour aider les siens, elle utilise les outils de son père, graveur de timbres, pour fabriquer de faux papiers, permettant ainsi à des familles juives de quitter le pays. Quant à Katie, l’héroïne de 1989, elle travaille comme journaliste pour son ex-mari et se remet difficilement de son divorce. Elle souffre aussi de voir son père, atteint d’Alzheimer, progressivement perdre la mémoire. Alors qu’elle cherche à vendre la collection de timbres de son père, elle fait la rencontre d’un philatéliste qui attire son attention sur une lettre – et un timbre – mystérieux. C’est ce timbre et cette lettre, datant de 1939 mais jamais envoyée, qui permet à Katie de remonter le temps pour reconstituer le destin d’Elena, de sa famille, et de son premier amour, Kristoff, un jeune apprenti graveur.

Elena et les siens ont-ils survécu à la guerre ? C’est là le principal enjeu du roman, et le destin de chacun des protagonistes se dévoile petit à petit alors que Katie et Benjamin poursuivent leurs recherches. La Grande Histoire est intégrée dans le récit de manière fluide et intéressante, sans excès de détails. L’Anschluss, la Nuit de Cristal, ou encore le Kindertransport ayant permis à de jeunes enfants juifs d’être placés dans des familles en Angleterre, sont évoqués, de même que la Chute du Mur de Berlin. L’alternance entre les deux époques est très régulière (un chapitre sur deux) et l’intrigue est bien rythmée, rendant la lecture agréable. Certes, les personnages manquent parfois un peu de profondeur psychologique et les deux intrigues romantiques sont assez convenues, mais La Vie secrète d’Elena Faber reste un « feel good book » très réussi, à recommander aux amateurs (et surtout aux amatrices) du genre.

J’ai aimé…

  • L’alternance des chapitres entre les années 1939 et 1989, dans un style très fluide et accessible.
  • L’évocation de l’Anschluss et de la Nuit de Cristal du point de vue d’une famille juive résidant dans la campagne autrichienne.
  • La façon dont le destin des principaux protagonistes est révélé au fur et à mesure, sans être trop prévisible.

J’aurais aimé…

  • Une description un plus sensible du Berlin de 1990. Si l’auteure parvient à reconstituer de manière très convaincante la tension qui régnait dans un petit village autrichien au début de la seconde guerre mondiale, le voyage de Katie à Berlin aurait pu permettre une exploration un peu plus poussée de la capitale allemande quelques mois seulement après la chute du Mur.
  • Un happy end peut-être un peu moins parfait.

Merci à Netgalley aux éditions Préludes de m’avoir permis de lire ce livre avant sa publication officielle le 4 avril 2018.

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